La cathédrale de Chartres, architecture, sculpture et vitrail

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L’histoire de la cathédrale de Chartres, comme celle de nombreux édifices gothiques, est jalonnée d’incendies. Après celui de 1020, l’évêque Fulbert fait édifier la cathédrale romane, à laquelle on ajoute une nouvelle façade à partir de 1134. En 1194, un autre incendie détruit l’édifice à l’exception de la crypte et de la façade. Une reconstruction est entreprise aussitôt. La cathédrale gothique est presque achevée en une trentaine d’années et elle sera consacrée en 1260. Elle se distingue par son chœur exceptionnel, aussi développé que la nef, et son transept extrêmement large. L’édifice rompt avec l’élévation à quatre niveaux. Chartres abandonne les tribunes encore présentes à Laon et Noyon au profit d’un nouvel équilibre des niveaux de part et d’autre du triforium. Si ce dernier est encore aveugle, les fenêtres hautes s’agrandissent et comportent un remplage très imposant. Le pilier chartrain présente une alternance qui n’a plus de nécessité structurelle mais témoigne de l’importance de la visualité dans l’architecture gothique. Enfin, la voûte qui culmine à plus de 37 mètres de haut illustre cette quête de verticalité dans les cathédrales françaises qui mènera jusqu’à 48 mètres à Beauvais. Avec ce nouveau type d’élévation, Charters marque le passage de la première architecture gothique à celle des grandes cathédrales du XIIIe siècle.

Alors que la sobriété ornementale est frappante, la récente restauration de l’édifice a permis de redécouvrir sa polychromie. Mettant en relief les lignes architecturales soulignées de blanc, elle rehausse également les surfaces d’une couleur lumineuse à travers son faux appareil. C’est sur ce fond ocre que se détachaient les couleurs éclatantes des vitraux de la cathédrale.

Chartres a également conservé un remarquable décor sculpté. Ses neufs portails, groupés par trois sur chaque façade, illustrent de nombreux thèmes et permettent d’étudier l’évolution des formes. La création d’une école cathédrale à la fin du Xe siècle qui deviendra l’un des principaux centres scolastiques de l’Europe médiévale, explique notamment la présence des représentations complexes du Portail royal avec les arts libéraux : quadrivium (mathématiques, géométrie, astronomie et musique) et trivium (grammaire, rhétorique, dialectique). Le Portail Royal construit au milieu du XIIe siècle comme les tours qui l’encadrent laisse encore voir de sévères statues-colonnes alors qu’au Portail Nord, le tympan présente un Couronnement de Marie dans lequel la Vierge s’incline avec délicatesse et porte un vêtement aux plis serrés d’une élégance presque antique.

Dominant la plaine de la Beauce, la cathédrale de Chartres apparaît comme un symbole de l’art gothique dont elle renferme de précieux témoignages tant à travers l’architecture, que la sculpture et le vitrail.


Votre conférencière :

Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale, elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.


Les dates à retenir :

Fin du Xe siècle : création d’une école cathédrale.

1194 : un incendie détruit l’édifice à l’exception de la crypte et de la façade

Après 1194 : reconstruction d’une cathédrale gothique

1260 : consécration du nouvel édifice

1979 : la cathédrale est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco

1836 : un incendie détruit la charpente du XIIIe siècle.

La cathédrale de Chartres est longue de 130 mètres.

Son labyrinthe a une circonférence de 12,85m.

La voûte culmine à 37,5 mètres de haut.


À lire pour aller plus loin :

Dieter Kimpel, Robert Suckale, L'architecture gothique en France 1130-1270, Flammarion, Paris, 1990.

Brigitte Kurmann-Schwarz, Peter Kurmann, Claude Sauvageot, Chartres, la cathédrale, Zodiaque, 2001.

La grâce d'une cathédrale, collectif, La nuée bleue 2013.

Arnaud Timbert, Chartres : Construire et restaurer la cathédrale (XIe : XXIe s.), Presses Universitaires du Septentrion, 2014.

Colette Deremble et Jean-Paul Deremble, Cathédrale de Chartres, guide des vitraux, Éd. du Castelet, 1993.


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Anne Vuillemard
02_Histoire de l’art