Histoire d’une œuvre : le Bal du Moulin de la Galette d’Auguste Renoir

Le tableau d’Auguste Renoir, Le Bal du Moulin de la Galette fait aujourd’hui figure d’un condensé de tout ce que le mouvement des Impressionnistes pouvait offrir de novateur et d’audacieux. Présenté en 1877 à la Troisième exposition Impressionniste, le tableau est salué par certains, raillés par d’autres, mais tous s’accordent à y voir la volonté du peintre d’établir les bases d’une nouvelle peinture.

Œuvre jalon dans l’histoire de l’art, elle l’est tout autant dans la carrière de Renoir qu’elle éclaire d’une douce lumière et d’un surnom si bien porté de ‘peintre du bonheur’.

Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

Les dates à retenir :

1841 : naissance le 25 février de Pierre-Auguste Renoir, à Limoges, sixième enfant d’une fratrie de sept enfants d’un couple d’artisans. Son père Léonard est tailleur et sa mère Marguerite couturière. La famille s’installe à Paris trois ans plus tard.

1854 : Renoir entre comme apprenti peintre dans un atelier de porcelaine. Il fréquente également les cours du soir de l’École des arts décoratifs jusqu’en 1862.

1862 : il entre à l’École des Beaux-arts dans l’atelier de Charles Gleyre (1806-1874). S’il n’y reste que deux ans, il y fait toutefois la connaissance de Claude Monet (1840-1926), Frédéric Bazille (1841-1870) et Alfred Sisley (1839-1899) avec qui il va fréquemment peindre en plein air dans la forêt de Fontainebleau.

1864 : il expose pour la première fois au Salon. Son Esmeralda connaît un certain succès mais les années suivantes, les critiques seront souvent mauvaises – sauf celles d’Émile Zola (1940-1902).

1869 : Claude Monet le persuade de venir peindre avec lui sur les bords de Seine. L’expérience est décisive : Renoir éclaircit sa palette, fragmente sa touche, apprend à rendre les effets de lumière et les ombres sans peinture noire.

1874 : il expose avec ses amis à ce que l’on nommera la Première exposition Impressionniste.

1877 : il expose à la Troisième du genre, son tableau-manifeste Le Bal du Moulin de la Galette. La toile sera acquise par Gustave Caillebotte en 1879 qui la transmettra avec l’ensemble de son legs en 1894 au musée du Luxembourg où elle rejoint les collections publiques.

Dans les années 1880, Renoir revient au Salon afin d’obtenir reconnaissance officielle et commandes de portraits. Il voyage dans le sud de la France et jusqu’en Italie où il puise une nouvelle inspiration.

1887 : il expose ses Grandes Baigneuses, nouveau manifeste artistique qui témoigne de son attachement à un dessin plus rigoureux et à des coloris plus froids. Le tableau et son style ne sont appréciés de personne : les peintres modernes estiment qu’il s’égare, les académiques ne s’y retrouvent pas et même son marchand Paul Durand-Ruel l’enjoint d’y renoncer.

Dans les années 1890 : Renoir change à nouveau de style pour une peinture plus fluide, plus colorée et délicate dite ‘période nacrée’. S’ouvre alors pour le peintre une période de reconnaissance et de consécration.

1903 : Auguste Renoir s’installe avec sa famille à Cagnes-sur-Mer où il fait l’acquisition du domaine des Collettes. Sa peinture devient chatoyante, fluide, toute en transparence. Les paysage et les corps féminins baignent dans une douce lumière.

1913 : sur le conseil d’Amboise Vollard et avec l’aide d’Aristide Maillol, Renoir collabore avec le sculpteur Richard Guino pour la réalisation de sculptures pendant cinq ans.

1919 : Auguste Renoir, même alité, continue de peindre jusqu’à son dernier jour. Il décède le 3 décembre dans son domaine des Collettes à 78 ans.

À lire pour aller plus loin :

Vincent Duclert, Le bal au moulin de la Galette, Une œuvre, une histoire, Éditions Armand Colin, 2008.

François Daulte, Catalogue Raisonné de l’œuvre d’Auguste Renoir, Éditions Durand-Ruel, Lausanne, 1971.

Jean Renoir, Pierre-Auguste Renoir, mon père, Éditions Folio Gallimard, 1981.

Valérie Mettais, L’impressionnisme : l’essentiel, Éditions Hazan, 2021.