Les arts du livre : calligraphie et miniature dans le monde islamique

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Les musulmans considèrent le Coran comme le témoin de la parole divine révélée au prophète Muhammad par l’ange Gabriel. La langue de la révélation – l’arabe – et l’écriture sont ainsi des outils sacrés en islam. Si les manuscrits du Coran ne comportent aucune représentation figurée, ils n’en ont pas moins fait l’objet d’ornementations qui touchent à la fois l’écriture (calligraphie), les matériaux du livre (encres, papiers, reliures…) ou les décors peints (enluminures). L’art de l’écriture acquiert ainsi en islam un statut à part entière. Nous verrons ainsi comment les corans étaient décorés ainsi que les différents styles calligraphiques qui se sont développés, de l’écriture coufique née en Irak au nastaliq pour noter le persan. Nous verrons également que, contrairement à une idée reçue, les artistes musulmans ont pu représenter le prophète dans des ouvrages religieux.

Dans un second temps, cet exposé s’intéressera aux livres profanes et aux enluminures qui les ornaient. Dans ce cadre, les représentations figurées sont légion, que ce soit pour représenter les aventures d’Abû Zayd dans les Maqâmât d’al-Hariri, l’épopée du Livre des Rois (Shahnameh) rédigées en persan par Firdowsî, ou les amours malheureuses de Majnûn Layla, « Le fou de Layla », pour ne citer que les plus connues. À travers différents manuscrits, nous découvrirons les écoles de miniaturistes les plus fameuses du monde musulman, d’Istanbul à Hérat en Afghanistan.


Votre conférencière :

Sterenn Le Maguer-Gillon est archéologue et historienne de l’art spécialiste de l’Islam médiéval. Elle a encadré des fouilles archéologiques en péninsule Arabique et en Ouzbékistan. Elle a enseigné l’histoire de l’art et l’archéologie islamique à l’Université Paris 1. Depuis 2020, elle enseigne à l’Institut Catholique de Paris un cours sur les « Arts, histoire et culture du monde arabo-perse » et un cours d’histoire de l’art intitulé « Pluralités des aires culturelles » à l’Université Rennes 2.


Les dates à retenir :

644-656 : Règne de ‘Uthmân ibn ‘Affân, troisième calife. Recension officielle du Coran.

750-1258 : Califat Abbasside.

892-999 : Dynastie Samanide (capitale : Boukhara). Apparition des premières œuvres en langue persane et écriture arabe.

Ca. 996 : rédaction de Shahname par Firdowsî (m. ca. 1025), œuvre dédiée à Mahmûd de Ghazni..

1054-1122 : al-Harîrî, auteur des Maqâmât.

XIIIe siècle : école de peinture de Bagdad.

1290-1336 : Dynastie mongole Ilkhanide en Perse. Convertis à l’islam en 1295, les Ilkhanides protègent les lettres, les sciences et les arts musulmans.

1405-1506 : Dynastie timouride. Ils font de leurs capitales Samarcande, Boukhara et Hérat des foyers culturels influents où rayonnent les arts du livre, et toute une nouvelle littérature en persan et en turc.

1501-1736 : dynastie safavide (capitale : Ispahan). Écoles d’Ispahan, de Chiraz et de Boukhara.

1453 : Prise de Constantinople. Atelier de peintres et de calligraphes à la cour impériale.


A lire pour aller plus loin :

Mike Barry, L’art figuratif en Islam médiéval et l’énigme de Behzâd de Hérat, 1465-1535, Paris : Flammarion, 2004.

François Deroches, Le livre manuscrit arabe, prélude à une histoire, Paris : Bibliothèque nationale de France, 2004.

Richard Ettinghausen, La peinture arabe, Genève : Skira, 1977.

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Sterenn Lemaguer
02_Histoire de l’art