Albert Edelfelt (1854-1905) : un Finlandais à Paris - Conférence pré-enregistrée

Peintre, aquarelliste, illustrateur, graveur, Albert Edelfelt fut l’artiste finlandais le plus réputé de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise, fils d’un architecte, il reçoit une solide formation académique à Helsinki. A 19 ans, il décide de s’installer à Paris et intègre l’Ecole des beaux-arts dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Artiste doué, il expose ses oeuvres régulièrement au Salon avec un certain succès et passe bientôt à la postérité en réalisant le « Portrait de Louis Pasteur » (1885). Totalement intégré à la vie artistique parisienne, admirateur de Zola, il devient l’un des grands peintres de la vie bourgeoise et s’impose comme un portraitiste de premier plan. Précision du trait, attention au détail, le tout agrémenté d’une palette très variée, le style d’Albert Edelfelt est clairement celui d’un artiste réaliste délicat, à la manière de Jules Bastien-Lepage (1848-1884) qu’il admire. Mais c’est également un esprit curieux, ouvert sur la peinture de son temps. Par exemple, c’est sans doute sous l’influence des impressionnistes qu’il se convertit au pleinarisme sans il est vrai aller trop loin dans la spontanéité : Edelfelt n’est pas Monet !

Mais n’oublions pas que l’oeuvre d’Edelfelt ne s’arrête pas à la description des moeurs parisiennes, elle va plus loin. L’artiste est finlandais, nordique comme l’on disait alors, et sa peinture parle magnifiquement de la Finlande, de ses paysages envoûtants, de la diversité de sa population dont la rusticité et la singularité sont décrites avec force. Cette peinture sensitive n’est pas uniquement contemplative, il faut aussi la considérer comme une peinture engagée. Pour en comprendre toute la sagacité, il faut la replacer dans le cadre historique qui fut le sien : l’essor du mouvement national finlandais. Rappelons que ce mouvement fut la réponse éloquente des élites finlandaises au durcissement de la politique de russification du « grand-duché de Finlande » entreprise alors par la Russie de Nicolas II. Cet engagement total d’Albert Edelfelt eut pour conséquence l’ouverture à toute une génération d’artistes finlandais - comme Aleksi Gallen-Kallela ou encore Magnus Enckell - de la voie de la résistance par la culture ! Alors qu’en Finlande Albert Edelfelt est aujourd’hui considéré comme un des plus grands maîtres de la peinture nordique, Paris l’a pour sa part quelque peu oublié… Raison de plus pour le redécouvrir !

Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.

Les dates à retenir :

1854 : Naissance d’Albert Edelfelt à Porvoo en Finlande

1874 : Arrivée à Paris et inscription à l’Ecole des beaux-arts

1876 : Fait la connaissance du peintre Julien Bastien-Lepage (1848-1884)

1879 : Premier succès au Salonavec le « Village incendié »

1880 : Quitte Paris et se réinstalle en Finlande

1883 : Débuts en tant que portraitiste à succès

1885 : Réalisation du célèbre portrait de Louis Pasteur

1896 : Réalise le portait de Nicolas II

1899 : Nicolas II signe le décret abolissant les libertés du « grand-duché de Finlande »

1905 : Mort d’Albert Edelfelt