Giuseppe Arcimboldo (1526-1593) : Vous avez dit « bizarre » ?

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02_Histoire de l’art

Depuis la redécouverte dans les années 1930 par les Surréalistes de l’œuvre fantastique de Giuseppe Arcimboldo (1526-1593) peu d’artistes sont devenus aussi reconnaissables. Issu d’une famille patricienne de Milan, fils de peintre, Arcimboldo débuta sa carrière en Italie où il reçut des commandes pour des cartons de vitraux, de tapisseries et des volets d’orgues. Sans doute est-ce durant ces années-là que parallèlement à ces commandes « classiques », il commença à créer des œuvres plus libres reposant sur des jeux optiques et sur un goût marqué pour la description minutieuse d’objets, de fruits et de légumes…

On peut penser que c’est grâce à ces œuvres étranges qu’il fut appelé en 1562 à la cour habsbourgeoise en tant que portraitiste. A Vienne puis à Prague, il servira pas moins de trois empereurs durant 35 ans ! A Prague, il semble avoir été très proche du dernier d’entre-eux Rodolphe II (1552-1612), un souverain érudit et fantasque dont les collections de « curiosités » sont restées légendaires. C’est alors qu’il réalisa ses œuvres les plus connues, des séries de portraits bizarres, de drôles de « têtes composées » peintes à partir d’un assemblage minutieux de fruits, de légumes et d’objets variés.

Pendant longtemps, ces œuvres furent considérées comme des têtes grotesques, des caricatures dont la signification ne dépassait pas le stade du comique. Toutefois, il faut rappeler que la signification d’une œuvre d’art se limite rarement à sa seule apparence. A plus forte raison à la fin du XVIe siècle à la cour du Saint Empire Romain Germanique ! Des historiens d’art s’interrogèrent donc : les peintures d’Arcimboldo n’étaient elles vraiment que des « blagues visuelles » destinées à amuser la galerie ? Ses cycles de portraits composites tels que les « Saisons » n’étaient ils pas plutôt des allégories savantes destinées à mettre en valeur la fécondité et la puissance des Habsbourg ? Finalement, ces fameuses « blagues visuelles » d’Arcimboldo ne devait-on pas plutôt les considérer comme des « blagues sérieuses » réalisées par un peintre humaniste ? De même, ce soin maniaque dans la représentation de fleurs, de courges, de poires et de carottes ne faisait-il pas d’Arcimboldo l’un des précurseurs du genre de la nature morte et un précurseur du dialogue entre l’art et la science ? Les œuvres de Giuseppe Arcimboldo qu'autrefois les Surréalistes célébrèrent comme des créations libres et poétiques n’étaient-elle pas plutôt des œuvres à usage politique ? Bizarre.


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1526, Naissance de Giuseppe Arcimboldo, fils du peintre Biagio, à Milan.

1549-1558, Actif à Milan, Monza et Côme en Italie en tant que peintre.

1562, Arcimboldo entre au service de l’Empereur Ferdinand Ier (1503-1564) à Vienne en tant que portraitiste.

1563, Début de la série de portraits dite des « Quatre Saisons ».

1576, Actif à Prague auprès de l’Empereur Rodolphe II (1552-1612).

1582, Il voyage en Allemagne afin d’acheter des objets rares pour le compte de Rodophe II.

1587, Arcimboldo obtient de la part de Rodolphe II l’autorisation de revenir en Italie.

1590, Il peint le « Portrait de Rodophe II en Vertumne ».

1591, Promu au rang de comte de palatin par Rodolphe II.

1593, Arcimboldo meurt le 11 juillet à Milan.


À lire pour aller plus loin :

André-Pieyre de Mandiargues, Arcimboldo le Merveilleux , Paris, 1977.

Werner Kriegeskorte, Giuseppe Arcimboldo : 1527-1593, Paris, Taschen, 1993.

Arcimboldo 1526-1593, Musée Nationale du Luxembourg, 2007, Paris.

Face à Arcimboldo, Centre-Pompidou-Metz, 2021.



lundi 16 janvier 2023 à 10:00

Fabrice Delbarre

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