Eugène Delacroix au Maroc : désir d'Orient

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02_Histoire de l’art

Eugène Delacroix débarque à Tanger, en 1832, dans le cadre de la mission diplomatique conduite par le plénipotentiaire du roi Louis-Philipe, le comte de Mornay. Il est déjà un grand peintre. Cela fait près de dix ans qu’il porte haut le flambeau de la peinture, accompagnant de son pinceau les embrasements du siècle : Les Massacres de Chio (1824), La mort de Sardanapale (1827), La Liberté guidant le peuple (1831).Cependant, Delacroix est à la recherche d’un second souffle qui puisse lui permettre d’assouvir son désir d’Orient tout en trouvant un nouveau élan créateur.

Pour ce bourreau de travail enchaîné dans son atelier, le contact avec le continent africain et un Maroc perçu comme le « vestibule de l’Orient » représente un éblouissement. Delacroix fit son apprentissage de l’Antique loin de Rome. Au Maroc, il rencontre mieux que des ruines et des statues : un peuple bien vivant, et qui est « tout antique ». Au premier regard, il est amoureux. Dans ses carnets, il veut tout comprendre, tout retenir. Il veut tout comprendre, tout retenir. En quête d’absolu, il veut embrasser ce pays dans sa totalité en croquant et notant tout ce qu’il peut. Inspiré, en rentrant à Paris, il ira chercher chez Haro acheter ses pigments. Pour rendre compte de son expérience, il faudra inventer des mélanges inouïs : du jaune serin ou du vert pisseux pour les cafetans, du violet pour le burnous du pacha, du doré pour la petite boule au bout du parasol qui protège le sultan Moulay Abd er-Rahman. Au Maroc, Delacroix épouse des images qui inspireront ses toiles jusqu’à la fin de sa vie. Très tôt, ce voyage de Delacroix au Maroc va susciter plus que de l’intérêt, de l’admiration. Et nombreux furent les écrivains et les artistes qui cherchèrent à emprunter son sillon d’Alexandre Dumas jusqu’à Paul Morand en passant par Henri Matisse et Mark Twain.


Votre conférencier :

Mehdi Ghouirgate est maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne depuis 2014 et Directeur du département d’études arabes de cette même université. Après avoir soutenu sa thèse en octobre 2011, il a rejoint le programme ERC Imperial Government and Authority in Medieval Western Islam, dirigé par P. Buresi, où il a contribué à l’établissement et à la traduction de textes relatifs au pouvoir dans l’Occident musulman. Spécialiste de l’histoire de l’Occident musulman aux époques médiévale et moderne, il est l’auteur d’un ouvrage intitulé L’Ordre almohade (1120-1269) : une nouvelle lecture anthropologique paru aux Presses Universitaires du Mirail. Il est également co-auteur avec P. Buresi d’une Histoire du Maghreb parue chez Armand Colin en 2014. Il est l’auteur d’articles publiés dans de nombreuses revues telles qu’Arabica, les Annales, la Remm ou les Mélanges de la Casa de Velázquez. Enfin il participe en tant qu’auteur à l’Encyclopédie Berbère et à l’Encyclopédie de l’Islam.


À lire pour aller plus loin :

Maurice Arama, Eugène Delacroix au Maroc : Les heures juives, Paris, Non Lieu éditions 2012.

Alan Daguerre de Hureaux, Delacroix. Voyage au Maroc aquarelles, Paris, Bibliothèque de l’image, 2003.

Eugène Delacroix, Journal : précédé d'une étude sur le maître, Paris, Plon, 1993.

Guy Dumur, Delacroix et le Maroc, Paris, Hersher, 1988.

Daniel Rondeau (dir.), L’Appel du Maroc, Paris, Flammarion, 2003.


jeudi 18 mai 2023 à 10:00

Mehdi Ghouirgate

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