Pan ! L’art percutant de Niki de Saint Phalle

Reconnue dès les années 1960 pour ses séances de Tir irrévérencieuses et ses pétulantes Nanas, l’artiste autodidacte Niki de Saint Phalle (1930-2002) a conçu un univers artistique singulier, sous le signe de la liberté et de la joie.

Son attachement à un art aux prises avec son temps et avec ses contemporains la conduira assez rapidement à préférer les installations publiques aux cimaises des musées, les performances et les productions collectives et à diversifier ses réalisations pour créer des éléments de mobilier, des bijoux et même des parfums. Femme d’expression, elle collabora à des pièces de théâtre, écrivit un recueil et réalisa plusieurs films. Sa collaboration avec Jean Tinguely et les Nouveaux Réalistes enrichira ses approches et ses techniques tout en confirmant sa conviction de la nécessité d’un art qui se vit. Elle réalisa ainsi plusieurs sculptures architectures ainsi que l’emblématique Jardin des Tarots en Toscane. C’est également dans cette revendication d’un art au service de la vie qu’il faut comprendre sa série des Black Heroes en hommage aux acteurs américains des Droits Civiques, son film en soutien à l’association AIDES et aux malades du Sida ainsi que ses engagements en faveur des causes féminines.

Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

Les dates à retenir :

1930 : naissance le 29 octobre à Neuilly-sur-Seine de Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle dans une famille de la vieille noblesse française. Son père est un homme d’affaire installé à New-York ; celle que sa mère surnomme rapidement Niki est en partie élevée par ses grands-parents.

1933 : Niki rejoint ses parents aux Etats-Unis.

1948-1949 : elle travaille comme mannequin ; ses photos paraissent dans Vogue, Life Magazine et Harper’s Bazaar. A 18 ans, elle s’enfuit avec Harry Mathews ; ils se marient à New York le 6 juin 1949 et s’installe à Paris en 1952.

1953 : suite à une grave dépression, elle est admise dans un hôpital psychiatrique à Nice où elle s’adonne à la peinture – ce qui lui permet de se rétablir.

1955 : Lors d’un voyage à Barcelone, elle découvre l’œuvre de Antoni Gaudi. Le Parc Güell est une révélation artistique.

1956-1960 : Niki fait la connaissance de Jean Tinguely avec qui elle s’installe en 1960. Son travail évolue de la peinture vers l’usage du plâtre et la sculpture. Elle participe à plusieurs expositions d’importance.

1961-1963 : elle organise 12 actions de tir dont celle à l’occasion de sa première exposition personnelle à la Galerie J. intitulée Feu à Volonté. Plusieurs artistes Nouveaux Réalistes sont présents et enthousiastes. Dans les années suivantes, elle réalise plusieurs actions de tir aux Etats-Unis.

1965 : Niki crée ses premières Nanas qu’elle présente la même année à la galerie Alexandre Iolas à Paris qui publie conjointement son premier livre d’artiste, enrichi de textes manuscrits et de dessins.

1967 : elle réalise avec Jean Tinguely Le Paradis Fantastique, pour le pavillon français de l’Expo’67 à Montréal. L’œuvre comprend 9 sculptures peintes de Niki et 6 machines cinétiques noires construites par Jean. Cette même année a lieu la première exposition rétrospective de Niki, Les Nanas au pouvoir à Amsterdam.

1968 : présentation de sa première pièce de théâtre, ICH à Kassel en Allemagne. L’année suivante, au retour d’un voyage en Inde, elle travaille à un premier projet architectural pour des maisons réalisées dans le Sud de la France.

1978 : mise en œuvre du Jardin des Tarots à Garavicchio en Toscane pour lequel Niki imagine 22 sculptures monumentales inspirées par les cartes du tarot. Le jardin ouvre ses portes le 15 mai 1998. Durant ces années, elle réalise plusieurs structures monumentales telles Gilla, une maison pour enfants en 1996 et Skrull, une salle de méditation en forme de crâne.

2002 : Niki meurt le 22 mai à 71 ans, à San Diego où elle s’était établie en 1994 et où elle a travaillé jusqu'à ses derniers jours.