Les atolls des Tuamotu, les perles du Pacifique

Dans l'océan Pacifique, l’archipel des Tuamotu regroupe le plus grand nombre d’atolls à l’échelle de la planète. On en compte 77, parmi lesquels Rangiroa et Fakarava sont les plus vastes. D'origine volcanique ancienne (une quarantaine de millions d'années approximativement), ces formations insulaires ont évolué géomorphologiquement pour passer d'îles hautes à la structure en atoll qu'on leur connaît aujourd'hui, à l'exception notable de Makatea. Avec leur lagon à la couleur bleu céruléen, leur couronne récifale surmontée d'un toupet de cocotiers, les Tuamotu constituent sans doute aujourd'hui l'image d’Épinal de l'île tropicale paradisiaque par excellence. Toutefois l'environnement des Tuamotu est fragile. Le réchauffement climatique global, qui a pour conséquence la montée des eaux et l'acidification des océans, menace en en effet directement la survie de l'écosystème ; blanchissement des coraux et submersion progressive des atolls étant les principales menaces. Les réserves en eau douce sont en outre limitées tandis que les sols constitués pour l'essentiel de débris coralliens sont relativement pauvres.

Ces lourdes contraintes écologiques n'ont cependant pas empêché l'installation de communautés humaines aux alentours du Xème ou du XIème siècle. La datation exacte de cette colonisation fait toujours l'objet de débats parmi la communauté scientifique. Aux apports des historiens, des archéologues et des ethnologues, s'ajoutent aujourd'hui les résultats obtenus par les recherches en paléogénétique. Malgré les divergences entre savants, un fait demeure avéré : les sociétés des Tuamotu sont issues de la grande migration polynésienne à travers le Pacifique ; Polynésiens qui ont fait de ces îles leurs terres et y ont développé une culture originale. Si malheureusement la culture matérielle a laissé peu de témoignages, la culture immatérielle demeure quant à elle vivante.

Au XVIème siècle, les Tuamotu connaissent l'arrivée des Européens. Le premier d'entre eux fut Magellan à Puka Puka, bientôt suivi par d'autres navigateurs. En 1844, Tuamotu deviennent protectorat français, puis colonie quelques décennies plus tard. Même si Tahiti et les autres îles de la Société sont les centres politique et démographique de la Polynésie française, les Tuamotu ont toujours joué un rôle essentiel dans l'économie du Territoire (Fenua) ; l'industrie de la nacre, du phosphate (Makatea), du coprah, de la perle, et du tourisme aujourd'hui, ayant toujours et grandement contribué à son développement économique. Il est encore important de rappeler ici que c'est aux Tuamotu, à Mururoa et à Fangataufa précisément, que la France poursuivit jusqu'en 1996 ses essais nucléaires après l'indépendance de l'Algérie.

En 2022, le recensement de la subdivision des Tuamotu-Gambier (l'une des 5 que compte la Polynésie française) comptait un peu plus de 17.000 habitants.

Votre conférencier :

Après une formation universitaire en histoire et en socio-anthropologie, Arnaud Hédouin se consacre à l'activité de guide-conférencier. À ce titre, il accompagne des groupes à l'étranger depuis plus de vingt ans avec l'ambition de faire découvrir l'histoire, la culture mais aussi les structures sociales des pays visités.

Les dates à retenir :

Entre 60 et 40 millions d'années, formation volcanique des îles qui deviendront les atolls des Tuamotu

XIème siècle : peuplement plausible des îles Tuamotu

1521 : Magellan découvre Puka Puka, le premier atoll du Pacifique découvert par les Européens.

1839 : l'atoll de Ahe est le dernier atoll des Tuamotu à être porté sur les cartes de marine.

1844 : les Tuamotu passent sous protectorat français.

1917-1966 : Exploitation du phosphate à Makatea. Les Tuamotu, principal contributeur à l'économie de Polynésie française.

Années 1960 : Développement de l'industrie perlière dans les Tuamotu.

1966 : 1er essai nucléaire à l'atoll de Mururoa.

2004 : la Polynésie est Pays d'Outre-Mer français.

À lire pour aller plus loin :

Pierre-Yves Toullelan, Tahiti et ses archipels, Khartala, 1991.

Lætitia Hédouin (dir.) Étonnants récifs, CNRS éditions, 2021.

Aiu Boullaire-Deschamps, Une vie d'exception aux Tuamotu, Alain Barthélémy éditions, 1997.

Francis Rougerie, « Nature et fonctionnement des atolls des Tuamotu », Oceanologica Acta, vol. XVIII, n°1, 1995.