Aux arts citoyens ! Art, contestation et révolutions

Image représentant la conférence  Aux arts citoyens ! Art, contestation et révolutions
02_Histoire de l’art

Quelles que soient les époques considérées, de la Renaissance à nos jours, les Arts ont toujours suscité nombre de réflexions, de commentaires et de théories aboutissant à la publication d’ouvrages et de traités, de Dürer à Vasari, en passant par Winckelmann, pour ne citer que les plus connus. Néanmoins, une évolution se fit jour, quant à la condition de l’artiste, à l’époque néoclassique : il put peindre enfin pour lui-même des sujets qui lui plaisaient, à connotation politique, tout en sortant de la traditionnelle iconographie et hagiographie religieuse ou mythologique. Il put enfin, sous couvert d’un classicisme médité, se transposer dans une certaine contemporanéité. L’artiste devint donc, plus que jamais, le témoin de son temps, au même titre que les auteurs, et acquit par là-même le droit de s’indigner. La dynamique révolutionnaire, si préparée que fût le terrain, eut son rythme propre. André Chastel écrit : « Les mouvements de foule, les fêtes, les emblèmes, sont les éléments d’un discours symbolique qui tout ensemble dissimule et manifeste un pas décisif de l’histoire ». Cependant, loin des grandes envolées lyriques et édifiantes du néoclassicisme, le thème qui prédomina en cette époque révolutionnaire reste la caricature et l’allégorie. Dans ce domaine, les types, les formats, l’importance des séries furent variables et accompagnèrent les changements de la vie politique.

Pendant les trente années qui suivirent 1789, le néoclassicisme s’enfonça dans un discours lisse et sucré, dont le pesant académisme rompait finalement avec les volontés d’avancées du siècle précédent. Le droit à l’indignation et la révolte revinrent à partir des années 1824 avec la fin des davidiens. Le XIXe siècle fut incontestablement celui des révolutions, tant au niveau des formes que des sujets. Toutes les classes sociales firent l’objet d’une étude artistique nouvelle, conférant au sujet étudié une atemporalité et une universalité, en dépit d’un caractère très typé. Il se dégagea un regard critique posé sur la réalité. L’art fut désormais au rendez-vous de toutes les époques troublées et de toutes les transformations sociales. Ainsi, au XXe siècle, Pablo Picasso laissa de nombreux manifestes tels que Guernica (1937) ; la Nouvelle Objectivité en Allemagne condamna les duretés du temps : Les Piliers de la société par Grosz (1926) rejetaient toutes les forces réactionnaires de la République de Weimar ; tandis que l’Homme dans des ruines de Carl Hofer (1937) prédit la désolation à venir. Prisme de son temps, citoyen engagé, l’artiste choque, dérange, mais se veut aussi et bien souvent pythie ! Malheureusement parfois…


Votre conférencier :

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.


A lire pour aller plus loin :

Edmond Dziembowski, Le siècle des révolutions : 1660-1789, Paris, Librairie académique Perrin, 2019.

Laure Adler, Les femmes artistes sont dangereuses, Paris, Flammarion, 2018.

Sylvie Léonard, Il était une fois l’art en révolution (1789-1889), CRDP Languedoc-Roussillon, 2010.

Bertolt Brecht, Les Arts et la révolution, Montreuil, Arche, 1997.



mercredi 16 mars 2022 à 10:00

Christophe Levadoux

Formulaire d'inscription