Empreintes de l'Homme : la préhistoire du Languedoc

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L’Archéologie étudie les sociétés humaines à travers leurs vestiges enfouis dans le sol ou préservés de la destruction. Ainsi tout témoin du passé entre dans le domaine de l’archéologie s’il est le fruit d’un travail humain. D’autres disciplines sont bien évidemment nécessaires pour étudier l’environnement dans lequel ont évolué les groupes humains et l’impact de ces sociétés sur la nature. Cette pluridisciplinarité est à la base même de la recherche en Préhistoire, période pour laquelle aucune source écrite n’existe. Par conséquent, chaque charbon de bois, chaque graine, chaque ossement ou prélèvement de sédiment constitue, au même titre que les objets fabriqués, de précieux indices de compréhension des sociétés du passé.

Le catalogue de l’exposition permanente du musée de Lodève présente six cents objets archéologiques du Languedoc. Emblématiques du Paléolithique et du Néolithique, ces vases, outils en silex, ossements, objets en cuivre témoignent d’une activité (agricole, domestique, funéraire, symbolique) ou d’un savoir-faire, mais surtout, ils racontent des histoires. Avec plus de trois cents illustrations montrant non seulement les objets mais aussi leurs sites de provenance, des reconstitutions animées de la vie des sociétés humaines du passé, et réunissant des contributions de nombreux archéologues sur l’actualité de la recherche, cet ouvrage offre une synthèse accessible de la Préhistoire régionale.

Cette visioconférence retracera le parcours de l’exposition et abordera différentes thématiques. Après une introduction sur l’histoire des collections archéologiques du musée et les secrets de fabrication de l’exposition « Empreintes de l’homme », on abordera les quelques traces des sociétés du Paléolithique sur le territoire, avec un focus sur la grotte d’Aldène. Puis nous nous concentrerons sur la période Néolithique (particulièrement riche dans la région) au travers de trois thématiques : l’habitat (des premiers habitats sur les contreforts du Larzac aux villages des garrigues), les pratiques funéraires et symboliques (dolmens, grottes et mégalithisme) et la première exploitation minière (des mines d’extraction aux ateliers de transformation du minerais, jusqu’à la fabrication des objets en cuivre). Ce sera également l’occasion de présenter l’actualité des recherches locales, puisque chaque année les chercheurs font de belles découvertes qui enrichissent notre connaissance des sociétés passées. 


Votre conférencière :

Noisette Bec Drelon est archéologue, Docteure en Préhistoire, membre du Laboratoire Archéorient (CNRS, Université de Lyon 2). Anciennement responsable des collections archéologiques du Musée de Lodève, elle en a réalisé l’inventaire rétrospectif de 2011 à 2014. Elle a ensuite été chargée de la conception du nouveau parcours permanent dont elle a assuré le commissariat général et scientifique de 2014 à 2018. Elle réalise des fouilles archéologiques sur des monuments funéraires mégalithiques dans le Sud de la France et au Proche-Orient. 


Les dates à retenir :

1,1 millions d’année avant notre ère : une première présence humaine est attestée sur le territoire languedocien à Lézignan-la-Cèbe, sur le site du Bois de Riquet (Hérault).

Entre 480 000 ans et 120 000 avant notre ère : la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault) est occupée par diverses espèces d’Homininés (Homo heidelbergensis, Homo neanderthalensis).

31 000 ans (Paléolithique supérieur) : des gravures pariétales exceptionnelles sont découvertes dans une galerie étroite de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Le bestiaire représenté, la technique et le style permet de rattacher indirectement cet art à la culture aurignacienne. Avec la grotte Chauvet en Ardèche et la Baume-Latrone (Sainte Anastasie, Gard), cette grotte conserve les plus anciennes représentations artistiques d’Europe.

30 000 ans avant notre ère (Aurignacien et Gravettien): des restes de plusieurs homo sapiens sont découverts dans l’Abri Rothschild (Cabrières, Hérault). Le site livre aussi une centaine de parure sur coquillages percés et parfois ocrés rattachable à la culture de l’Aurignacien.

18 000 ans avant notre ère (Solutréen et Magdalénien), les Gorges de la Vis et de l’Hérault et leur micro-climat permettent aux peuples magdaléniens de pratiquer chasse et pêche. On retrouve leurs traces dans plusieurs grottes ou abris : grotte des Camisards (Saint-Laurent-de-Minier), grotte de Laroque (Saint-Guilhem-Le-Désert), Abri du Bois des Brousses (Aniane).

7000 ans avant notre ère une famille mésolithique composé de plus de 20 personnes explore une galerie de la grotte d’Aldène. Cet instant d’aventure reste miraculeusement conservé dans l’argile du sol (traces de pieds) et sur les parois (traces de torches).

Entre - 5300 et 4500 avant notre ère (Néolithique ancien) : Les grottes de la corniche du plateau du Larzac enregistre les occupations successives des premiers paysans du Néolithique ancien. Des vases en céramique décorés de motifs « corniformes » évoquent une culture originale dans la grotte de Saint-Pierre-de-la-Fage.

Entre - 4750 et 3500 avant notre ère  (Néolithique moyen) : La sédentarisation des groupes humains s’intensifie pendant un millénaire. Dans la grotte de la Madeleine (Villeneuve-lès-Maguelone, Hérault) ou encore sur le site Montbeyre la Cadoule (Teyran, Hérault), un nouveau type de céramique fait son apparition, typique de la culture chasséenne. Les vases possèdent des anses en « flutes de pan », d’autres sont décorés de gravures, réalisées après cuisson comme dans l’Abri des Roquets (Saint-Etienne-de-Gourgas Hérault).

Entre 3600 - 2800 avant notre ère  (Néolithique final) : Les grottes de Labeil (Lauroux, Hérault) et des Pins (Blandas, Gard) livre des céramiques typiques d’une nouvelle culture régionale, celle de Ferrières (faciès caussenard). Parallèlement les pratiques funéraires se diversifient avec la construction des premiers dolmens et l’utilisation de grottes sépulcrales pour le dépôt des défunts et des offrandes qui les accompagnent.

Entre 3100 et 2900 avant notre ère  (Néolithique final) : les vestiges de la plus ancienne exploitation minière et métallurgique en France sont découverts à Cabrières-Péret (Hérault).

Entre 2800 et 2200 avant notre ère  (Néolithique final) : A la fin du Néolithique, une nouvelle culture succède à celle de Ferrière, il s’agit du Fontbouisse qui est à l’origine de la construction des villages des garrigues du Languedoc et de l’Est de la vallée de l’Hérault. Parmi ces villages, les sites de Cambous (Viols-le-Fort) et du Rocher du Causse (Claret, Hérault) sont ouverts au public.

Entre 2500 et 2150 avant notre ère : le phénomène campaniforme fait son apparition dans toute l’Europe, avec des gobelets de céramique décorés de manière similaire et des équipements d’archer que l’on retrouve dans de nombreux sites du Languedoc comme à la grotte sépulcrale du Rhinocéros IV (Cabrières, Hérault) ou sur le site d’habitat fortifié de Puech-Haut (Paulhan, Hérault).  


À lire pour aller plus loin :

Noisette Bec Drelon et Ivonne Papin-Drastik dir. 2024 — Empreintes de l’Homme, Catalogue d’exposition du Musée de Lodève (Hérault - Occitanie), éditions Faton, Musée de Lodève. 




jeudi 1 août 2024 à 18:00

Noisette Bec-Drelon

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