Affaires sensibles dans la Rome antique : le meurtre d’Agrippine
Le meurtre d’Agrippine, ordonné par son fils l’empereur Néron en 59 ap. J.-C., fait partie des moments de l’histoire romaine qui ont marqué les esprits sur le temps long, tant dans l’Antiquité qu’aux époques postérieures.
Certes, une des raisons de cette place particulière dans nos mémoires est qu’un matricide constitue un crime majeur, qui ne peut que faire naître des interrogations sur les pratiques politiques quand elles sortent de la légalité ; mais il faut aussi reconnaître que les sources antiques, qu’il s’agisse des textes de l’historien Tacite ou du biographe Suétone, ont souligné de façon brillante et inoubliable les aspects dramatiques de l’épisode.
En outre, Agrippine est une figure politique dont les textes antiques ont transmis une image riche, au cœur du règne de Néron, le dernier empereur d’une dynastie qui a façonné l’empire romain.
Pour apprécier pleinement la valeur de ce moment, Isabelle Cogitore vous invite à le replacer dans le contexte historique, en s’appuyant sur des textes littéraires latins et grecs (en traduction), ainsi que sur des monnaies, des inscriptions et des statues.
L’examen de la figure exceptionnelle d’une femme de pouvoir, dans un monde qui faisait peu de place aux femmes, permettra alors de révéler les fonctionnements politiques et dynastiques de cet empire complexe et, au-delà, de réfléchir à la nécessaire prudence que demande l’interprétation des sources antiques.
Votre conférencière :
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, ancienne Membre de l’École Française de Rome, Isabelle Cogitore s’est toujours passionnée pour l’histoire politique romaine, à travers son Doctorat sur les conspirations contre les empereurs julio-claudiens, ainsi qu’avec son Habilitation à diriger des recherches sur l’histoire de la liberté à Rome. Ses recherches ont également porté sur les historiens latins, particulièrement César et Tacite, et sur la façon dont ce dernier a été publié et commenté à la Renaissance. Professeure de langue et littérature latines à l’Université Grenoble Alpes, elle est devenue guide conférencière et guide des voyages culturels principalement en Italie et sur les sites antiques, afin de continuer à transmettre cette passion.
Les dates à retenir :
15 ou 16 après J.-C. : naissance d’Agrippine dans le camp romain à l’emplacement de l’actuelle Cologne.
28 : son mariage avec Cn. Domitius Ahenobarbus.
37 : naissance de son fils Lucius Domitius Ahenobarbus.
De 37 à 41 : règne de Caligula, frère d’Agrippine.
de 41 à 54 : règne de Claude, oncle d’Agrippine.
49 : mariage d’Agrippine et de Claude ; Claude adopte Néron.
49 : le philosophe Sénèque est rappelé d’exil pour devenir le maître du jeune Néron.
54 : mort de Claude, probablement assassiné par Agrippine.
de 54 à 68 : règne de Néron.
59 : meurtre d’Agrippine.
A lire pour aller plus loin :
Tacite, Annales, livres 13 et surtout 14, dans la traduction par Pierre Grimal, Folio Classique, Gallimard, 1993.
Suétone, Vies des douze Césars, trad. Henri Ailloud, Folio Classique, Gallimard, 1975.
Pierre Cosme, Néron, le pouvoir et la scène, Armand Colin, 2022.
Virginie Girod, Agrippine, sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale, Tallandier, 2015.
Pierre Grimal, Mémoires d’Agrippine, 1994.