Caravage : l’enfant terrible de la peinture baroque au tournant du Cinquecento
Michelangelo da Merisi dit le Caravage (1571-1610) a depuis quelques années été réhabilité dans le monde de l’art grâce aux brillantes expositions célébrant son œuvre et son impact dans l’histoire de l’art. Sa vie tumultueuse a sans doute desservi sa production en son temps, elle fut progressivement redécouverte au cours du XXe siècle par les recherches de Roberto Longhi. Ce parcours atypique, opposé au labeur et à la quête intellectuelle des grands maîtres de la Renaissance italienne, a participé à l’élaboration de la légende Caravage sous la plume parfois très libre des romanciers et auteurs actuels. Tantôt présenté comme un voyou homosexuel dans l’ouvrage de Dominique Fernandez (La course à l’abîme) il est dépeint tel un Don Juan des bas-fonds dans la bande dessinée illustrée par Milo Manara, auteur de BD érotiques. Néanmoins, son œuvre reste singulière car elle incarne à la perfection les bouleversements artistiques qui s'opèrent à Rome au temps de la Réforme catholique. Son travail, hérité de la peinture lombarde du cinquecento est parvenu à retranscrire la brutalité des passions humaines, sans atours, avec force et réalisme, percutant les esprits de son temps, suscitant tantôt le scandale ou l'admiration. Son œuvre exceptionnelle, d'une intériorité parfois troublante mais aussi théâtralisée, marque l'entrée dans l'ère de la peinture baroque italienne au début du XVIIème siècle.
Nous partirons donc à la découverte de la production du Caravage en analysant ses plus grands chefs d’œuvre, et en tentant de comprendre comment l’artiste est-il parvenu à susciter la création d’un courant artistique nommé le caravagisme, autour de son seul nom.
Votre conférencière :
Docteure en Histoire de l’Art, Elsa Trani a enseigné pendant dix ans au sein des universités de Montpellier et d’Aix-en-Provence. Spécialisée dans la peinture ancienne, sa carrière a débuté en tant qu’assistante de conservation au musée Fabre de Montpellier ainsi qu’au contact des conservateurs de la DRAC Occitanie pour la réalisation de sa thèse de Doctorat portant sur la peinture à Montpellier et dans le Midi aux XVIIème et XVIIIème siècles. Conférencière indépendante en Histoire de l’Art et enseignante en Histoire-Géographie, ses recherches se poursuivent autour de nombreux thèmes : la peinture régionale, les femmes peintres, les académies de peinture, la théorie de l’art, les grands maîtres de la Renaissance italienne…
Les dates à retenir :
1571 : naissance de Michelangelo Merisi à Milan.
1584 : Caravage entame son apprentissage dans l’atelier milanais de Simone Peterzano.
1593 : Caravage poursuit sa carrière à Rome dans l’atelier du Cavalier d’Arpin, parmi ses premières œuvres : le Jeune garçon mordu par un lézard.
1596-1597 : Caravage obtient la protection du cardinal del Monte et loge au Palais Madama.
1599 : l’artiste remporte un franc succès auprès de la noblesse romaine qui gravite autour de la papauté. Il reçoit sa première grande commande publique : les tableaux de la chapelle Contarelli pour l’église Saint-Louis-des-Français avec la Vocation de saint Matthieu, le Martyr de saint Matthieu et saint Matthieu et l’ange.
1600 : Caravage reçoit une seconde commande prestigieuse : les peintures de la chapelle Cesari dans l’église Santa Maria del Popolo. Il peint la Conversion de saint Paul et le Crucifiement de saint Pierre.
1606 : lors d’une énième rixe dans les rues de Rome, Caravage porte un coup fatal à l’un de ses ennemis, Ranuccio Tomassoni. Reconnu coupable de meurtre et condamné à mort il se réfugie à Naples.
1607 : malgré les nombreuses commandes napolitaines, Caravage se rend à Malte avec l’intention d’intégrer l’ordre de Malte.
1608 : reçu chevalier de l’ordre de Malte, il en est pourtant radié au bout de quelques mois, à cause de son caractère tempétueux. Caravage se réfugie à Syracuse.
1610 : Caravage embarque pour Rome dans l’espoir d’obtenir la grâce du pape. Il meurt sur le chemin du retour à l’âge de 38 ans à Porto Ercole.
À lire pour aller plus loin :
Laurent Bolart, Caravage. Michelangelo Merisi dit Le Caravage 1571-1610, Fayard, 2010.
Sebastian Schütze, Caravage. L’œuvre complet. Taschen, 2015.
Catalogue d'exposition du musée Fabre et musée des Augustins, 23 juin – 14 octobre 2012, Corps et Ombres – Caravage et le caravagisme européen.
Catalogue d'exposition du musée Jacquemart-André, 21 septembre 2018-28 janvier 2019, Caravage à Rome. Amis et ennemis.