Dans l’atelier des chefs-d'œuvre : dessiner, peindre, graver, sculpter - partie II : peindre comme Le Lorrain

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02_Histoire de l’art

Les institutions artistiques publiques, musées ou écoles d’art, de même les initiatives privées, fondations ou foires, obéissent aujourd’hui aux critères propres au marché de l’art. Ce qui doit être vu, ce qui est doté d’une valeur financière, ce qui est exceptionnel ou en voie de disparition, sont devenus les principes conduisant amateurs ou néophytes à fréquenter massivement expositions ou manifestations. La fréquentation du public serait favorable à l’obtention de budgets et à l’essor du mécénat !

Une exposition devrait idéalement réunir l’adhésion du milieu professionnel le plus exigeant et du public le plus large. Pour que ce grand écart se réalise, le pouvoir de l’image est sollicitée : toujours un chef-d’œuvre, souvent recadré et diffusé sur tous les supports publicitaires. Sur papier ou sur écran, en grand format ou de très petites dimensions, l’image prend l’aspect d’une icône de programme informatique, identifiable par son sujet, sa composition et ses couleurs, sa surface lisse et brillante flattant nos rétines. Mais en fait que regardons-nous ?

Toute œuvre d’art répond à un programme, personnel ou commandité, puis à un projet et une réalisation matérielle, enfin à sa présentation définitive ou éphémère. Intéressons nous à cette fabrication. Dessiner, peindre, graver, sculpter, autant de techniques artistiques qui ont évolué en Occident selon la variété des sujets, les découvertes scientifiques, la nature des supports, les effets de mode, l’engouement des amateurs, le goût des collectionneurs, les moyens de reproductions, la diffusion de ces dernières...

Peindre comme Le Lorrain

Les paysages de Claude Gellée dit Le Lorrain entrent dans l’histoire de l’art lorsque la couleur quitte son statut chromatique pour devenir lumière, notamment dans les célèbres vues de ports imaginaires.

Auparavant, les pigments déterminaient une palette de teintes. Elles sont symboliques et désignent un personnage ou une action. La couleur est quasi héraldique ! Malgré les différentes techniques de la peinture (fresque sur chaux, tempera sur bois, huile sur toile, aquarelle sur papier) la quête de la réalité, mais aussi de sujets religieux ou littéraires de façon réaliste, réduira l’usage de la couleur à une gamme chromatique, savante certes mais déterminée par le sujet de la représentation. Ce n’est qu’au début du XXème, selon Maurice Denis, que la peinture deviendra un jeu de surfaces colorées sur un support déterminé.

A quel moment la peinture se libère-t-elle de la tradition ? La peinture en tube participe à cette émancipation tout autant que les nouveaux mediums (peinture acrylique, chrome, résine), les sources lumineuses artificielles, les écrans numériques aujourd’hui. Entre peinture classique de résistance et street art, l’art pictural ne cesse de revendiquer ses spécificités « artisanales » face à l’omniprésence de la photographie.


Votre conférencier :

Stéphane Dubois-dit-Bonclaude est historien de l’art, dessinateur et auteur de plusieurs ouvrages sur les arts appliqués. Il a conduit sa carrière professionnelle à Genève plus sensiblement auprès du Service cantonal de la culture.


Les dates à retenir :

~ 35’000 av. JC La grotte Chauvet est ornée de motifs tracés témoignant de l’art pariétal.

~ 3 000 av. JC L'écriture apparaît dans la vallée du Nil, ce sont les premiers hiéroglyphes.

~ 2700 av. JC La civilisation des Cyclades invente une sculpture synthétique et quasi abstraite.

~ 1000 Naissance de la peinture lettrée en Chine.

Avant 1250 Villars de Honnecourt, maître d’œuvre réalise son célèbre carnet de dessins.

1424 :Jan van Eyck perfectionne la technique de la peinture à l’huile.

1450-1475 : les orfèvres favorisent l’essor de la gravure sur cuivre : Maso Finiguerra au sud des Alpes, Martin Schongauer dans les pays rhénans.

1504 : Michel-Ange achève son David, réponse formelle et monumentale à toutes les découvertes antiques mises à jour à Rome.

1540 : Jean Clouet, immense dessinateur, est nommé Peintre du Roi par François Ier.

1673 : le cylindre à papier inventé par les Hollandais révolutionne l’industrie papetière en Europe.

1841 : le brevet d'invention du tube de peinture est déposé à Londres par le peintre américain John Goffe Rand.

1910 : Vassily Kandinsky réalise ses premières improvisations qui annoncent avec un demi-siècle d’avance le Tachisme, mouvement issu de l’abstraction lyrique.

1970 : Robert Smithson trace dans le Grand Lac Salé son œuvre emblématique du Land Art : Spiral Jetty.

2009 : David Hockney commence à dessiner sur son Iphone puis son Ipad.


À lire pour aller plus loin :

Histoires d’images. Robert Walser, 1927, Zoé.

Le voyageur passionné. Bernard Berenson, 1956, Salvy

L’amour de la peinture. Claude Roy, 1956, Gallimard.

L’œuvre au noir. Marguerite Yourcenar, 1968, Gallimard.

Maîtres et serviteurs. Pierre Michon, 1990, Verdier.

Le détail, pour une histoire rapprochée de la peinture. Daniel Arasse, 1992, Flammarion.

Les Onze. Pierre Michon, 2009, Verdier.

Bonjour, Monsieur Courbet. Philippe Jaccottet 1956-2008, 2021, La Dogana.

On ne reporte pas le printemps. David Hockney et Martin Gayford, 2021, Le Seuil.


vendredi 10 février 2023 à 10:00

Stéphane Dubois

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