Le Douanier Rousseau, un peintre pas si naïf

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02_Histoire de l’art

Quand Henri Rousseau présenta quelques unes de ses toiles au Salon des Indépendants de 1886, la critique le jugea rapidement comme un peintre naïf au travail simple, voire simplet. Il est vrai que ce commis des douanes s'était mis à la peinture tardivement, qu'il n'avait fait aucune école d'art et surtout que cet autodidacte conserva toujours une certaine maladresse dans ses tableaux. Mais, paradoxe pour cet admirateur de l'art académique, ce sont les Modernes qui trouveront des qualités indéniables à ses œuvres. Qu'est-ce que Robert Delaunay, Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso ou Wassily Kandinsky, ces maîtres des avant-gardes artistiques, ont pu voir dans ces toiles pour qu'elles les séduisent et leur fassent si forte impression ? Mais lui-même n’était sans doute pas si dupe qui expliquait à Picasso en 1908 qu’ils étaient les deux plus grands peintres de leur temps ! Car sous couvert de malhabileté, Rousseau s’autorisait des audaces formelles, des raccourcis audacieux, des inspirations novatrices dont les fameuses jungles, les scènes de promenade dans les paysages franciliens et les tentatives de portraits sont d’éloquents témoignages.

Plus riche et complexe qu'il n'y paraît au premier regard, l'œuvre et la personnalité de celui que l’on surnomma le Douanier Rousseau mérite autant d’attention que les détails savoureux de ses peintures.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

21 mai 1844 : naissance à Laval d’Henri Rousseau.

1863 : il est commis d’avocat à Nantes mais il s’engage pour 7 ans dans l’armée après avoir été jugé pour vol.

1868 : libéré de son affectation militaire en raison du décès de son père, il s’installe à Paris. Après la guerre de 1870, il travaille à l’octroi de Paris comme commis de deuxième classe (et non comme douanier).

1872 : Henri Rousseau commence à peindre de manière autodidacte. Il obtient une carte de copiste au Louvre.

1886 : il expose pour la première fois au Salon des Indépendants, puis les années suivantes.

1889 : il est fortement impressionné par l’Exposition Universelle dont l’imagerie coloniale l’influencera dans ses jungles. Il écrit une pièce de théâtre, Une visite à l’Exposition de 1889, qu’il tente, sans succès, de faire jouer au théâtre du Châtelet.

1891 : il expose son premier tableau de jungle au Salon des Indépendants. Entre temps, sa notoriété grandit même s’il est souvent raillé et moqué par la critique.

1893 : il prend sa retraite pour se consacrer pleinement à la peinture. Une Lithographie de La Guerre est publiée dans l’Ymagier.

1901 : il devient professeur de dessin à l’Association philotechnique. Depuis 2 ans, il subsiste en donnant des cours de musique et de peinture aux habitants de son quartier.

1906 : il fait la connaissance de Guillaume Apollinaire puis, de Pablo Picasso et de Robert Delaunay. Il commence à vendre ses toiles à des collectionneurs.

1908 : Picasso donne une grande fête en son honneur au Bateau-Lavoir. L’année suivante il vend enfin des tableaux au marchand Ambroise Vollard ce qui lui permet d’acheter un atelier.

2 septembre 1910 : mort à Paris. Il est enterré au cimetière de Bagneux jusqu’au 12 octobre 1947 où, à l’initiative de l’Association des amis d’Henri Rousseau, son cercueil est transféré à Laval. Sa pierre tombale est ornée d’un poème de Guillaume Apollinaire et d’une sculpture de Constantin Brancusi.


A lire pour aller plus loin :

Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque, catalogue d’exposition sous la dir. De Guy Cogeval, coédition Musée d’Orsay / Editions Hazan, 2016.

Le Douanier Rousseau. Jungles à Paris, catalogue d’exposition, RMN, 2006.



mardi 7 septembre 2021 à 10:00

Nathalie Douay

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