Herculanum, l’autre Pompéi

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Enfouie sous les matériaux volcaniques du Vésuve en octobre 79 après J.-C., Herculanum est longtemps restée dans l’ombre de sa célèbre voisine, Pompéi. Pourtant, cette petite cité du golfe de Naples, figée, elle aussi, dans l’instant de la catastrophe, nous offre un témoignage précis et inestimable sur la vie quotidienne dans l’Empire romain.

Grâce à des conditions de conservation exceptionnelles – bois carbonisés, matières organiques, denrées alimentaires, jusqu’à des bibliothèques entières – Herculanum nous livre un visage unique de l’Antiquité romaine, au plus près de l’intimité domestique, des demeures luxueuses aux modestes échoppes. On y découvre l’élégance de l’architecture locale, la douceur de vivre campanienne, la vitalité de l’artisanat, mais aussi le drame profond des habitants saisis par le feu de l’éruption.

Cette conférence propose de parcourir l’histoire d’Herculanum, petite cité des bords de la mer Tyrrhénienne, qui serait peut-être restée anonyme sans le destin tragique auquel elle fut confrontée. Depuis sa fondation, puis sa redécouverte au XVIIIème siècle et jusqu’aux recherches archéologiques les plus récentes, il s’agira d’explorer, à travers ses vestiges et les trajectoires connues de ses habitants, ce que cette cité ensevelie peut nous révéler de la culture, de l’économie et des sensibilités d’un monde ancien brutalement interrompu dans son quotidien.


Votre conférencière :

Docteure en Histoire romaine de l’Université de Lorraine, Alexandra PIERRÉ-CAPS a soutenu une thèse de doctorat consacrée aux cours impériales romaines d'Occident au siècle de Constantin. Elle est actuellement chargée d’enseignements en Histoire ancienne à l’Institut catholique de Paris. Elle partage ses activités entre l’enseignement et la recherche universitaires ainsi qu'une micro-entreprise créée en 2020, Le Grand Tour, avec laquelle elle réalise, entre autres, des missions d'expertises dans le domaine de la valorisation scientifique du patrimoine historique auprès de collectivités publiques et de sociétés privées.


Les dates à retenir :

VIII – VIème siècle avant J.-C. : échelonnement de la colonisation grecque en Italie du Sud (avant la fin du VIIIe av. J.-C., des marins grecs originaires de l’Île d’Eubée s’installent sur l’île d’Ischia, site qui serait le plus ancien site grec fixe en Italie).

VIème siècle avant J.-C. : Pompéi existe déjà ; son origine est probablement plus lointaine encore (VIIe ou VIIIe s. av. J.-C.) dans un contexte indigène osque (peuple italique du sud de l’Italie) ; Herculanum suit certainement ce schéma également.

Fin du VIIème siècle et début du VIe siècle avant J.-C. : forte expansion des Étrusques en direction du sud de l’Italie, notamment en Campanie. Les cités du golfe de Naples se forgent une culture entre traditions grecque, étrusque et italique.

Fin du Vème siècle avant J.-C. : les Samnites, peuple italique, reprennent la main dans la région d’Herculanum et Pompéi. On note une résurgence de la langue osque à Pompéi, par exemple.

Dernier tiers du IVème siècle avant J.-C. : Rome étend progressivement son domaine en Campanie après une série de conflits contre les Samnites.

90 - 89 avant J.-C. : « guerre sociale » entre Rome et ses alliés italiens ; Herculanum et Pompéi se rebelle contre Rome et paient ce choix en perdant leur autonomie. Le général romain Sylla en fait des municipes, étape importante dans la « romanisation » de ces cités. Probable installation d’une colonie de vétérans des armées de Sylla.

Ier s. après J.-C. (d’Auguste à Claude) : phase remarquable de développement monumental au sein des cités d’Herculanum et de Pompéi, vitalité des institutions locales développées sur le modèle romain.

62 après J.-C. : séisme majeur dans la région de la baie de Naples ; Herculanum et Pompéi subissent de lourds dégâts.

79 après J.-C. (24 octobre, selon les recherches récentes) : éruption spectaculaire du Vésuve ; Herculanum est ensevelie sous une coulée pyroclastique et figée dans l’instant.

1709 : redécouverte fortuite d’Herculanum lors du creusement d’un puits par Emmanuel-Maurice de Lorraine, duc d’Elbeuf, à Resina.

1738 - 1745 : début officiel de fouilles ordonnées par Charles de Bourbon (1716 – 1788), roi de Naples et futur Charles III d’Espagne.

1748 : redécouverte de Pompéi. 


À lire pour aller plus loin :

Alix Barbet, Les cités enfouies du Vésuve : Pompéi, Herculanum, Stabies et autres lieux, Paris, Fayard2001.

Robert Étienne, La Vie quotidienne à Pompéi, Paris, Hachette, 1998 (5e édition revue et augmentée).

Chantal Grell, Herculanum et Pompéi dans les récits des voyageurs français du XVIIIème siècle, Centre Jean Bérard, Naples, 1982.

Maria Paola Guidobaldi, Domenico Esposito, Herculanum, Paris, Imprimerie nationale, 2012.

Mantha Zarmakoupi, The Villa of Papyri at Herculaneum : archaeology, reception and digital reconstruction, New York, De Gruyter, 2010.

Nicolas Monteix, Les Lieux de métier. Boutiques et ateliers d’Herculanum, École française de Rome, Rome, 2010.

Mario Pagano, Les fouilles d’Herculanum, Pompéi, Edizioni Flavius, 2017.

Fabrizio Pesando, Maria Paola Guidobaldi, Pompei, Oplontis, Ercolano, Stabiae, Rome, Laterza, 2018.

Brent Seales, Christy Chapman, « Nouvelles avancées techniques dans la lecture des papyri d’Herculanum » dans Comptes-rendus des séances de l'année 2023 (Académie des inscriptions et Belles-Lettres), avr.-juin 2023, fasc. 2, p. 759-770.

ANdrew Wallace-Hadrill, Herculaneum: Past and Future, Frances Lincoln, Londres, 2011.


mercredi 24 septembre 2025 à 10:00

Alexandra Pierré - Caps

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