Hadrien, un empereur voyageur
Le IIe siècle ap. J.-C. est considéré comme l’âge d’or de Rome alors gouvernée par la dynastie des Antonins entre 96 et 192. De Trajan à Marc Aurèle, une série d’empereurs jugés bons par l’historiographie antique se suivent, loin des excès de certains de leurs prédécesseurs comme Caligula, Néron ou Domitien. En 117, l’empereur Hadrien succède à son cousin Trajan, dont le règne fut marqué par des conquêtes sans précédent au point d’apparaître comme un nouvel Alexandre le Grand. Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Hadrien décide d’abandonner certains gains territoriaux et se concentre alors sur la consolidation des frontières.
Cet empereur, immortalisé par Marguerite Yourcenar, ne se distingue pas par des conquêtes sans cesse plus lointaines, mais par sa culture et sa curiosité. Originaire d’Espagne, Hadrien n’eut de cesse de voyager tout au long de son règne d’un bout à l’autre de l’Empire. Il fut le seul empereur romain à avoir visité presque chacune des provinces. Les raisons de ses voyages sont d’abord militaires puisqu’il s’agit d’inspecter les frontières et de les renforcer comme en témoigne la construction du mur d’Hadrien entre l’Angleterre et l’Écosse. Son attention se porte aussi sur les très nombreuses cités qu’il visite et auxquelles il accorde de nombreuses largesses à l’instar d’Athènes qu’il affectionnait tout particulièrement.
Ses voyages répondent aussi à son goût des arts et des lettres et s’inscrivent au sein d’une logique touristique. Hadrien visite des sites illustres de l’histoire du monde grec comme Troie et admire des sites naturels remarquables tel l’Etna. Il n’a de cesse de s’adonner à ses passions comme la chasse et se distingue dans de nombreux domaines comme l’architecture, la grammaire, la littérature ou l’astrologie.
Bien que souvent absent d’Italie, Hadrien a laissé son empreinte par une activité architecturale remarquable avec la reconstruction du Panthéon, l’édification d’un gigantesque Temple dédié à Vénus et Rome et l’aménagement d’un complexe grandiose à Tivoli. Pourtant, le portrait d’Hadrien est contrasté, car son règne fut aussi terni par la mise à mort de plusieurs sénateurs et les auteurs antiques appartenant aux élites romaines lui en tiennent rigueur. De même, sa passion pour le jeune Antinoüs, mort noyé dans le Nil, fut moquée des contemporains. Le règne fut aussi assombri par une terrible guerre en Judée menée par Bar Kokhba et les sources donnent une image sombre des dernières années d’Hadrien.
Votre conférencier :
Dimitri Tilloi-d’Ambrosi est agrégé et docteur en histoire romaine, chercheur associé au laboratoire HiSoMA - UMR 5189. Sa thèse soutenue en 2019 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 porte sur les relations entre la cuisine et la diététique à l’époque romaine. Il enseigne dans le secondaire et a été chargé de cours à l’Université Jean Moulin Lyon 3 entre 2012 et 2021. Il est l’auteur de L’Empire romain par le menu et des Voyages d’Hadrien parus aux éditions Arkhê.
Les dates à retenir :
Naissance d’Hadrien : 24 janvier 76.
Début du règne d’Hadrien : 11 août 117.
Début des travaux du temple de Vénus et de Rome : 121.
Première grande tournée de voyages : 121-125.
Début de la construction du Mur d’Hadrien : 122.
Voyage en Afrique du Nord : 128.
Deuxième grande tournée de voyages : 128-132.
Mort d’Antinoüs : octobre 130.
Révolte de Bar Kokhba :132-135.
Mort d’Hadrien à Baïes : 10 juillet 138.
À lire pour aller plus loin :
Anthony R. Birley, Hadrian : the Restless Emperor, Routledge, Londres, 1997.
Yves Roman, Hadrien, l’empereur virtuose, Payot, Paris, 2008.
Dimitri Tilloi-d’Ambrosi, Les voyages d’Hadrien : sur les traces d’un empereur nomade, Arkhê, Paris, 2020.
Robert Turcan, Hadrien, souverain de la romanité, Faton, Dijon, 2009.
Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, Plon, Paris, 1951.