Ce que le vêtement raconte : la mode bigoudène, entre liberté et contrainte

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01_Histoire

“Pont-l’Abbé (Finistère) a conservé depuis des temps immémoriaux ses propres costumes et traditions. Il paraît difficile de trouver ailleurs une telle spécificité et un isolement aussi total. On dirait qu'à Pont-l'Abbé le temps s'est arrêté et que les gens vivent encore au Moyen Âge." Mathilda Betham Edward, 1877

Les idées reçues au sujet de “l’inertie, de l’immobilité des villages en matière vestimentaire”, “des campagnes où règnent enclavement, immobilisme, voir stagnation” sont pléthores. Or les campagnes ont toujours vécues elles-aussi dans le temps. Elles n’ont jamais été hors de tout circuit commercial, hors de toute administration. Changements profonds, mutations rapides, certes, tous les territoires n’ont pas été logés à la même enseigne. Parfois les périodes furent longues et les transformations lentes. René-Yves Creston évoque les parcours inégaux des guises bretonnes, capables d’une grande lenteur avant de brusques accélérations. Mais en Bretagne comme ailleurs, il n’est pas un endroit qui ait échappé au temps, aux changements de mode, aux nouveautés textiles, à la modernité en somme.

Les vêtements largement ornementés qui ont modelé l’image de la Cornouaille finistérienne restent néanmoins une marque d’abondance, la capacité d’une partie de la population rurale ou ouvrière à investir dans un superflu ostentatoire. Ce ne fut pas le cas de tous.

Habitants des bourgs ou des campagnes, du nord ou du sud du Pays bigouden, aisés ou indigents, paysans, artisans ou citadins, les Bigoudens se sont habillés pour le travail, comme pour les jours de marché ou de fête, en été et en hiver, sous le vent ou le soleil…

Ils ont composé leurs façons de se vêtir, en fonction des habitudes vestimentaires en usage, de leur situation sociale, des matériaux disponibles sur le territoire et des savoir-faire locaux.

Dans quelle mesure se sont-ils appropriés les innovations textiles et les changements de mode ?


Conférence proposée en partenariat avec la Fédération des écomusées et des musées de société (FEMS) et le Musée Bigouden de Pont l'Abbé.


Votre conférencière :

Solenn Boënnec est responsable scientifique au Musée bigouden.


Les dates à retenir :

1798 : première illustration connue de bigoudens, dans Voyage dans le Finistère de Jacques Cambry.

1836 : première mention du terme « bigouden », dans le journal Le Voleur.

XIXème siècle : la coiffe bigoudène, la plus petite de Bretagne.

Avant 1914, comme à Pont-Aven, les artistes seront pléthores sur le territoire, probablement plus de 200 : Eugène Boudin, Robert Delaunay, Maurice Denis, Max Ernst, Charles Poussin, Paul Serusier, Lucien Simon… La figure de la bigoudène reste un passage obligé.

XXème siècle : la coiffe bigoudène, la coiffe la plus haute de Bretagne.

1993 : rassemblement des dernières bigoudènes portant la coiffe tous les jours, 280 femmes répondent à l’appel, à Pont-l’Abbé.

1996 : création du logo A l’aise Breizh, reprenant une bigoudène un peu déjantée. Il ornait plus d’1,5 million de voitures en 2012

2023 : la dernière femme à avoir porté la coiffe bigoudène tous les jours de sa vie n’a plus la santé pour le faire.


À lire pour aller plus loin :

René-Yves Creston, Le costume breton, Tchou, 1978.

Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays Bigouden, Palantines, 2010.

Serge Duigou, Annick Fleitour, Pont-l’Abbé, au cœur du Pays bigouden, Palantines, 2009.

Yann Guesdon, Costumes de Bretagne, Palantines, 2009.

Yann Guesdon, Coiffes de Bretagne, Palantines, 2011.


lundi 30 septembre 2024 à 10:00

Solenn Boennec

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