La crète minoenne : histoire d'une civilisation mystérieuse
La civilisation minoenne se développe en Crète du début du IIIe millénaire au XVe siècle av. J.-C. quand les Mycéniens vont conquérir l’île et prendre le contrôle des principaux centres palatiaux, notamment Cnossos et Chania. C’est le début de la Crète mycénienne qui se termine par l’abandon et/ou la destruction de la plupart des sites crétois vers 1200, comme sur le continent grec, berceau de la civilisation mycénienne.
Au cœur de la civilisation minoenne, dont les origines restent mystérieuses, il y a les palais : ces vastes édifices à l’architecture complexe, atteignant les 10000 m2 dans le cas de Cnossos, concentrent les principales fonctions politiques, sociales, économiques et religieuses et sont édifiés au centre de véritables villes (réseau routier, quartiers d’habitation, etc.). L’extension des territoires des palais fait encore l’objet d’hypothèses de la part des spécialistes ainsi que l’organisation politique qui ne semble pas avoir eu une structure monarchique. En étroite relation avec les grandes civilisations contemporaines de la Méditerranée et du Proche-Orient, les Minoens développèrent un sens artistique original qui se retrouve dans les nombreuses réalisations artisanales (vases en pierre et en terre cuite, objets en métal, bijoux, sceaux, fresques) découvertes en Crète, dans le monde égéen (Cyclades et continent grec), à Chypre, en Égypte et au Proche-Orient. La religion minoenne est caractérisée par une relation très intense avec la nature et les animaux qui les entouraient ; les pratiques religieuses comportaient des danses, des cérémonies d’offrandes au sommet des montagnes et sans doute également des rites extatiques. Les divinités féminines, mises en exergue dans l’iconographie minoenne, semblent attester le rôle important attribué dans la société crétoise à l’élément féminin. L’archéologie reste la source d’information principale pour cette civilisation dont les écritures (linéaire A et hiéroglyphique crétois) n’ont pas encore été déchiffrées.
Image : CC BY-SA 3.0 File:Knossos frise taureau-edit.png
Votre conférencière :
Professeur d’archéologie grecque à l’Université de Strasbourg et membre de l’UMR 7044 Archimède depuis 2003, Daniela Lefevre-Novaro est ancien membre de la Scuola Archeologica Italiana di Atene et, après avoir fouillé les sites minoens de Phaistos et Haghia Triada, dirige actuellement la fouille de l’agora de Dréros (Crète). Ses spécialités sont l’archéologie du paysage, la protohistoire égéenne (civilisations minoenne et mycénienne), l’histoire et l’archéologie de la religion grecque, l’archéologie et l’histoire de la Grèce archaïque.
Les dates à retenir :
3000 av. J.-C. : début de la civilisation minoenne.
1900 - 1700 : période des premiers palais.
1700 – 1450 : période des seconds palais.
1620 (chronologie haute)/ 1520 (chronologie basse) : éruption du volcan de l’île de Théra.
1450 (chronologie basse) – 1200 : développement de la Crète mycénienne.
1200 : destruction et abandon de nombreux sites, fin du système palatial.
A lire pour aller plus loin :
Andreadaki-Vlasaki M. et alii (éd.), From de Land of the Labyrinth. Minoan Crete, 3000-1100 B. C., Alexander Onassis Public Benefit Foundation, Athens, 2008.
Cline E. H. (éd.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean (ca. 3000-1000 B. C.), Oxford, 2010.
Farnoux A., Cnossos, l’archéologie d’un rêve, Découvertes Gallimard, Paris, 1993.
Mastorakis M. & Van Effenterre M., Les Minoens. L’âge d’or de la Crète, Armand Colin, Paris, 1991.
Poursat J.-C., L'art égéen 1. Grèce, Cyclades, Crète jusqu'au milieu du iie millénaireav. J.-C., éditions Picard, Paris, 2008.
Treuil R. et alii, Les civilisations égéennes du Néolithique et de l’âge du Bronze, Nouvelle Clio, Paris, 2008.