Du triomphe de l’Église à la division de la Chrétienté - La séparation des églises latine et byzantine
Cycle : du triomphe de l’Église à la division de la Chrétienté
Avec Théodose, le christianisme s’impose comme la religion officielle de l’Empire romain. Pourtant, cette victoire ne met pas fin aux grandes controverses théologiques. Ces disputes permettent de poursuivre la définition du dogme, mais cette définition, loin d’être consensuelle, crée de nouvelles fractures au sein de la Chrétienté. De plus, la fin de l’unité du monde romain est à l’origine d’évolutions divergentes qui aboutissent à la division profonde et durable de la Chrétienté.
La séparation des chrétientés latine et byzantine
Quand on évoque la séparation des chrétientés latine et byzantine, une date s’impose : le « schisme » de 1054. Or ce schisme est l’aboutissement d’un processus lent d’éloignement progressif des deux grands centres de la Chrétienté : Rome et Constantinople. Il faut donc replacer cet événement dans cette évolution, ce qui conduit à en relativiser la portée : c’est un moment de tension paroxystique, mais qui ne marque pas véritablement la rupture. Celle-ci se produit plus tard, alors que le processus d’éloignement a fini par atteindre un point de non-retour à l’occasion des croisades.
Votre conférencier :
Renaud Rochette, agrégé d’histoire et docteur en histoire, est responsable formation-recherche à l’Institut d’étude des religions et de la laïcité (École pratique des hautes études). Après une thèse sur le pouvoir impérial à Byzance à l’époque des Paléologues, ses recherches portent sur le christianisme, en particulier sur le monde orthodoxe. Il s’intéresse aussi aux éléments religieux dans les fictions spéculatives.
Les dates à retenir :
863-885 : mission de Cyrille et Méthode en Moravie.
864 : conversion de la Bulgarie.
867 : synode à Constantinople condamnant les pratiques de l’Église latine.
869-870 : quatrième concile de Constantinople « anti-phôtien » (8e concile œcuménique du catholicisme).
879-880 : quatrième concile de Constantinople « phôtien » (8e concile œcuménique de l’orthodoxie).
1053 : lettre de Léon d’Achrida à Jean de Trani sur les erreurs de l’Église latine.
1054 : ambassade d’Humbert de Moyenmoutier / Silva Candida à Constantinople.
1185 : émeute anti-latine à Constantinople.
1198-1204 : quatrième croisade.
À lire pour aller plus loin :
Jean-Robert Armogathe et Yves-Marie Hilaire (dir.), Histoire générale du christianisme (2 vol.), Paris, Quadrige, 2010.
Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez (dirs.), Histoire du christianisme, t. IV : Évêques, moines et empereurs (610-1054), Paris, Desclée, 1993.
Michel Kaplan, Pourquoi Byzance ? Un empire de onze siècles, Paris, Gallimard (Folio Histoire), 2016.
Michel Kaplan, « Byzance : la fracture avec l’Occident », L’histoire. Les collections n°80, 2018, p. 70-75.