Dans l’intimité d’Harriet Backer, à l'occasion de l'expo au Musée d'Orsay
Le musée d’Orsay met à l’honneur une femme peintre, quasiment inconnue en France mais particulièrement réputée dans sa Norvège natale, Harriet Backer (1845-1932). Formée auprès de grands maîtres à Christiana, Munich et Paris, elle se familiarisa autant avec la peinture naturaliste de Léon Bonnat et Jules Bastien-Lepage qu’avec celle des Impressionnistes comme Claude Monet. Ses œuvres témoignent de sa formation européenne, s’inspirant de ses nombreux voyages et amitiés et variant au gré d’une touche parfois fine et précise, et tantôt vive et allusive. Sensible aux effets chatoyants de la lumière, aux intérieurs feutrés et aux atmosphères musicales, Harriet Backer a témoigné du monde féminin qui l’entourait avec beaucoup de sensibilité et de finesse. En dépeignant l’écrin d’une vie intérieure intense, elle mit au premier plan ces femmes et leurs activités, leurs lieux de vie qui par extension, furent également ceux d’une culture nordique qu’elle contribua à défendre.
Harriet Backer a réussi à vivre de son art, à être célébrée dans son pays dans lequel elle a fondé une école d’art à travers laquelle toute une génération d’artistes se forma. Sa notoriété et ses engagements l’amenèrent à jouer un rôle important dans l’histoire de l’art norvégien en participant au conseil d’administration et au jury d’acquisition de la Galerie nationale d’Oslo.
Votre conférencière :
Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.
Les dates à retenir :
1845 : naissance le 21 janvier à Holmestrand dans le sud de la Norvège d’Harriet, fille d’un armateur et homme d’affaires. Elle est la seconde d’une fratrie de 4 sœurs, toutes douées pour les arts : Inga l’aînée fut une célèbre chanteuse ; Agathe une pianiste et compositrice renommée et la cadette, Margrethe, également artiste-peintre.
De 1861 à 1874 : elle prend des cours de peinture à l’école d’art de Christiana (Oslo), notamment ceux de Frederik Eckersberg pendant 5 ans. Ces mêmes années, entre 1866 et 1871, elle accompagne sa sœur Agathe, pianiste réputée, dans ses tournées européennes. En Allemagne et en Italie, elle a l’occasion de se familiariser avec l’art antique et celui de la Renaissance. Elle écrit plusieurs romans et nouvelles qui ne seront jamais publiés.
1874 : Harriet s’installe pour 4 ans à Munich, grand centre artistique où elle approfondit la peinture de genre, figurative et historique. Elle y suit les cours du peintre Eilif Peterssen et y rencontre plusieurs artistes avec qui elle entretiendra longtemps des amitiés, dont la peintre Kitty Lange Kielland, avec qui elle emménagera.
1877 : elle reçoit la dotation Shaffer qui lui permet, pendant 3 ans, de poursuivre ses études malgré la faillite de l’entreprise de son père.
1878 : elle s’installe à Paris pendant 10 ans. Elle perfectionne son travail auprès de Léon Bonnat, Jean-Léon Gérôme et Jules Bastien-Lepage. Elle est également proche des peintres impressionnistes, et notamment de Monet qu’elle admire particulièrement.
1888 : elle retourne définitivement vivre en Norvège où son talent est largement reconnu : en 1889, elle est récompensée à l’occasion de l’Exposition Universelle ; en 1907, sa première exposition personnelle est organisée à Christiana.
1889 : elle fonde sa propre école de peinture qu’elle dirige jusqu’en 1912.
1932 : Harriet décède à 87 ans.
À lire pour aller plus loin :
Harriet Backer (1845-1932), la musique des couleurs, catalogue d’exposition, éditions Flammarion, 2024.
Susanna Petterson, Anna-Maria von Bondsdorff, L’art nordique. Une philosophie de vie. Environnement, artistes, thèmes, éditions Fonds Mercator, 2024.
Franck Claustrat, La peinture nordique et ses maîtres : Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède, 1800-1920, Le Faune Éditeur, 2021.