Akrotiri et les extraordinaires découvertes de la Pompéi égéenne
La ville portuaire d’Akrotiri se développe sur l’île volcanique de Théra du Vème millénaire au XVIème siècle av. J.-C. Ce site d’importance régionale, appartenant à la civilisation cycladique, s’est épanoui principalement au fil du IIe millénaire en devenant l’un des ports principaux des Cyclades, au centre des routes maritimes qui sillonnaient le bassin égéen et reliaient la Grèce à la Méditerranée orientale au Bronze récent.
Dotée de vastes bâtiments décorés de magnifiques fresques polychromes, la ville était un centre commercial important où l’influence minoenne a été mise en exergue non seulement par l’iconographie et le mobilier, mais également par la découverte de textes en linéaire A, l’une des écritures inventées en Crète, qui reste encore à déchiffrer, ensuite exportée dans le bassin égéen (Théra, Cythère, Mélos, Kéa, etc.). Le développement commercial et culturel extraordinaire d’Akrotiri fut stoppé net par l’une des éruptions volcaniques les plus dévastatrices de l’Antiquité, celle du volcan de l’île de Théra. Cet événement catastrophique, précédé sans doute par des tremblements de terre et autres phénomènes annonciateurs, détruisit complètement la ville et le port en les ensevelissant sous des dizaines de mètres cubes de cendres et pierre ponce.
Les fouilles d’Akrotiri ont débuté en 1967 et la mise en valeur de ce site unique sont l’œuvre de Spiridon Marinatos d’abord et plus récemment de Christos Doumas qui ont dirigé pendant des années les recherches archéologiques, en employant les plus récentes techniques archéométriques pour préserver les découvertes extraordinaires de nombreux matériaux périssables, rares en contexte égéen, comme le bois, l’osier, les graines, etc.
Image : Holger Uwe Schmitt
Votre conférencière :
Professeur d’archéologie grecque à l’Université de Strasbourg et membre de l’UMR 7044 Archimède depuis 2003, Daniela Lefevre-Novaro est ancien membre de la Scuola Archeologica Italiana di Atene et, après avoir fouillé les sites minoens de Phaistos et Haghia Triada, dirige actuellement la fouille de l’agora de Dréros (Crète). Ses spécialités sont l’archéologie du paysage, la protohistoire égéenne (civilisations minoenne et mycénienne), l’histoire et l’archéologie de la religion grecque, l’archéologie et l’histoire de la Grèce archaïque.
Les dates à retenir :
5500 ca. av. J.-C. : fondation du premier village néolithique sur le site d’Akrotiri.
3000-1200 : développement de la civilisation cycladique.
1900 - 1700 : période des premiers palais en Crète.
1700 – 1450 : période des seconds palais en Crète et expansion des Minoens vers les Cyclades.
1620 (chronologie haute)/ 1520 (chronologie basse) : éruption du volcan de l’île de Théra et destruction de la ville d’Akrotiri.
1450 (chronologie basse) – 1200 : développement de la Crète mycénienne.
1200 : destruction et abandon de nombreux sites cycladiques, fin du système palatial dans le bassin égéen.
À lire pour aller plus loin :
Cline E. H. (éd.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean (ca. 3000-1000 B. C.), Oxford, 2010 (p. 752-761 sur Akrotiri).
Christos Doumas, The Wall-Paintings of Thera, Athenès, 1992.
Nanno Marinatos, Art and Religion in Thera, Athènes, 1984.
Clairy Palyvou, Akrotiri Thera: An Architecture of Affluence 3500 Years Old, Philadelphia, 2005.
Jean-Claude Poursat, L'art égéen 1. Grèce, Cyclades, Crète jusqu'au milieu du iie millénaire av. J.-C., éditions Picard, Paris, 2008.
Nikos Psarros, Akrotiri. Guide to the Prehistoric Town, Santorini, 2022.