La sculpture classique, miroir du génie grec
Image : © Marie-Lan Nguyen.
La sculpture grecque représente encore aujourd’hui l’art emblématique de l’époque classique, un rôle qui est en grande partie la conséquence de la disparition presque totale de la peinture d’époque grecque, considérée pourtant par les contemporains comme l’art suprême. Toujours conçue dans un espace tridimensionnel, en relation étroite avec le contexte architectural où elle était installée, la statue grecque en ronde bosse a souvent eu une fonction religieuse et cultuelle, intégrée dans de nombreux sanctuaires dont celui qui était consacré à Athéna sur l’Acropole d’Athènes n’est que le plus connu. Or à partir des Tyrannoctones (477-476) exposés sur l’agora d’Athènes, les statues honorifiques en l’honneur de rois, généraux et autres personnalités politiques se multiplient, en étroite relation avec l’exaltation de l’individu typique de la civilisation grecque. Notre parcours chronologique aura comme fil rouge l’évolution de la représentation sculptée de l’homme dans le monde grec égéen. Il s’agira donc de décrire les plus grands chefs-d’œuvre parmi les statues grecques, mais également les riches frises sculptées des temples et les stèles funéraires évoquant les défunts lors de leur existence.
L’analyse de la sculpture grecque va nous offrir en outre l’occasion de décrire certains parmi les plus fameux mythes de l’Antiquité classique, source inépuisable d’inspiration des sculpteurs qui ont réalisé des scènes devenues parfois incontournables dans l’imaginaire de la culture occidentale. Il suffit de songer à la statue du Laocoon dont une copie est conservée au musée des Uffizi de Florence ou à la Vénus de Milo, conservée au Louvre.
De Phidias à Praxitèle, de Polyclète à Scopas nous évoquerons les plus grands artistes de l’Antiquité grecque en soulignant les caractéristiques de leur art ainsi que le contexte dans lequel leur activité s’est épanouie, en sachant qu’à l’époque ces personnalités étaient encore considérées comme des artisans, collaborant avec de multiples aides dans des ateliers à l’organisation complexe, plutôt que comme de véritables artistes.
Votre conférencière :
Professeur d’archéologie grecque à l’Université de Strasbourg et membre de l’UMR 7044 Archimède depuis 2003, Daniela Lefevre-Novaro est ancien membre de la Scuola Archeologica Italiana di Atene et, après avoir fouillé les sites minoens de Phaistos et Haghia Triada, dirige actuellement la fouille de l’agora de Dréros (Crète). Ses spécialités sont l’archéologie du paysage, la protohistoire égéenne (civilisations minoenne et mycénienne), l’histoire et l’archéologie de la religion grecque, l’archéologie et l’histoire de la Grèce archaïque.
Les dates à retenir : (toutes les dates s’entendent av. J.-C.)
VIIIème siècle : naissance des poleis (cités-États) grecques.
VIème-Vème siècle : développement du sanctuaire sur l’Acropole d’Athènes.
Vers 490-432 : période de vie de Phidias d’Athènes.
477-476 : les Tyrannoctones de Critios et Nesiotes.
Seconde moitié du Vème siècle : activité de Polyclète d’Argos.
Première moitié du IVème siècle : activité de Scopas de Paros.
Première moitié du IVème siècle : activité de Praxitèle d’Athènes.
Dernier quart du Vème siècle : temple classique d’Apollon Épikourios à Bassae.
170 : grand autel de Pergame.
À lire pour aller plus loin :
John Boardman, La sculpture grecque classique, L’Univers de l’Art, Londres 1995.
Timothy Gantz, Mythes de la Grèce archaïque, 2004, éditions Belin.
Bernard Holtzmann, La sculpture grecque, Paris, 2010, Le livre de poche.
Bernard Holtzmann, L’Acropole d’Athènes, Paris, éditions Picard.
Roland Martin, L’art grec, Paris, 1994, Le livre de Poche.
Claude Rolley, La sculpture grecque I. Des origines au milieu du Ve s., Paris, 1994, Les manuels d’art et d’archéologie antiques, Picard.
Claude Rolley, La sculpture grecque II. La période classique, Paris, 1999, Les manuels d’art et d’archéologie antiques, Picard.