Les peintres troubadours : le passé rêvé
La peinture de style troubadour naît au début du XIXème siècle. Elle est la digne héritière du grand mouvement néoclassique dont elle conserve les formes épurées et les couleurs claires. Cependant aux héros grecs et romains, dignes, vertueux, à leurs histoires tragiques et édifiantes succèdent des héros charmants, des amants maudits, des chevaliers abîmés dans la contemplation ou le souvenir de l’être aimé. Le moyen-âge est devenu une nouvelle source d’inspiration, il n’est plus « gothique », triste et sombre mais portant d’une nouvelle morale chrétienne pleine de religion et de compassion. La renaissance italienne n’est pas loin avec son cortège de peintres fameux et ses amours terribles.
Cet attrait pour les sujets médiévaux et renaissants apparaît en France au moment des premières grandes découvertes archéologiques et de la volonté d’Alexandre Lenoir de protéger les monuments des églises malmenés par la Révolution française. Deux générations d’artistes porteront cette nouvelle peinture de l’atelier néoclassique de Jacques-Louis David à l’atelier romantique d’Eugène Delacroix.
Découvrir la peinture troubadour c’est aussi découvrir des artistes souvent éclipsés par l’histoire de l’art. Fins connaisseurs de l’art médiéval, passionnés par les découvertes artistiques des temps passés, ils inaugurent une ère nouvelle où Mérimée sauvera la tapisserie de la Dame à la Licorne tandis que Viollet le Duc tournera son regard vers Notre Dame de Paris. Ivanhoé n’est pas loin.
Votre conférencière :
Anaëlle Charoin est conférencière nationale et historienne de l'art diplômée de l’École du Louvre. Elle vit et travaille à Lyon.
Les dates à retenir :
1795 : Musée des Monuments français
1802 : Valentine de Milan pleurant la mort de son époux Louis d’Orléans, assassiné en 1407, par Jean, duc de Bourgogne, Tableau de Fleury- Richard
1804 : Napoléon Ier réutilise les « abeilles » de Childéric Ier
1812 : Le tournoi, Pierre Révoil.
1827 : Naissance d’Henri IV par Eugène Deveria
1831 : Notre-Dame de Paris, Victor Hugo
1834 : L’Assassinat du duc de Guise de Paul Delaroche
1841 : Prosper Mérimée protège la tapisserie de la Dame à la Licorne
1859 : Flèche de Notre-Dame par Eugène Viollet le Duc
À lire pour aller plus loin :
L'Invention du passé. Histoires de cœur et d'épée en Europe, 1802-1850, exposition du 19 avril 2014 au 21 juillet 2014 au musée des Beaux-Arts de Lyon, catalogue, Hazan, 2014.
L'Invention du passé. « Gothique, mon amour », 1802-1830, exposition du 19 avril 2014 au 21 septembre 2014 au monastère royal de Brou à Bourg-en-Bress, catalogue, Hazan, 2014.
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1886_num_52_1_10620, article de Louis Courajod sur la collection Pierre Revoil au musée du Louvre, 1886