Made in Germany : peintures germaniques des collections françaises (1500-1550) au MBAA de Besançon

Trois expositions présentées en même temps à Besançon, Colmar et Dijon sont nées d’un constat : celui d’une méconnaissance des peintures germaniques dans les collections françaises. Un programme de recherche mené à l’Institut national d’histoire de l’art par Isabelle Dubois-Brinkmann à partir de 2019, s’appuyant sur un comité scientifique international, a permis de mettre à jour les connaissances sur ces œuvres moins connues que leurs homologues italiennes ou françaises. Il a abouti au recensement d’environ 500 œuvres produites entre 1370 et 1550 dans les zones germanophones du Saint Empire romain germanique, correspondant aujourd’hui notamment aux territoires de l’Allemagne, de l’Alsace, du nord de la Suisse, de l’Autriche et de la République tchèque.

Puisant dans ce large corpus, chaque musée a fait le choix des peintures les plus à-propos en regard de ses propres collections. Musée français conservant le plus bel ensemble de peintures de Lucas Cranach l'Ancien après le Louvre, le musée de Besançon se devait d'accueillir l'exposition consacrée aux peintures germaniques des collections publiques françaises pour la période allant de 1500 à 1550. Le parcours de l’exposition réserve également une belle place à Albrecht Dürer, maître incontesté de cette période, et d’autres artistes à découvrir comme les Bartholomeus Bruyn l’Ancien et le Jeune, Niklaus Manuel dit Deutsch, Georg Pencz…

Pour cette exposition, plus de 30 institutions françaises ont prêté 70 œuvres, dont près de la moitié ont été restaurées pour l’occasion. Certaines sont présentées au public pour la première fois. D’autres, marquées « MNR », sont des biens rapatriés d’Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en attente de restitution à leurs légitimes propriétaires. Toutes, si diverses soient-elles dans leurs formes, leur style et leur iconographie, ont pour dénominateur commun leur origine de production : un vaste territoire européen dénommé Saint Empire romain germanique.

Le titre de l’exposition, « Made in Germany » renvoie à la fois à la production des œuvres au sein d’ateliers répartis sur ce territoire, mais aussi à leur diffusion, menant parfois à des copies ou des contrefaçons.

La conférence présentera d'abord le parcours de l'exposition, mais aussi la manière dont les commissaires ont travaillé pour le concevoir, et le rôle que joue l'exposition dans la redécouverte d'un pan de l'histoire de l'art européen.

Votre conférencière :

Amandine Royer est conservatrice des arts graphiques au musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon depuis 2019, après avoir été directrice adjointe du musée d'art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand pendant sept ans. Avec Virginie Guffroy et Isabelle Dubois-Brinkmann, elle est co-commissaire de l'exposition "Made in Germany. Peintures germaniques des collections publiques françaises, 1500-1550" présentée au musée de Besançon du 4 mai au 23 septembre 2024.

Les dates à retenir :

1493 : Maximilien Ier prend la tête de la maison de Habsbourg ; il se proclame empereur en 1508, avec l’accord du pape.

1494-1495 : 1er voyage d’Albrecht Dürer en Italie.

1505 : Lucas Cranach l’Ancien est nommé peintre à la cour du prince-électeur de Saxe, Frédéric le Sage.

1505-1507 : 2ème voyage d’Albrecht Dürer en Italie.

1517 : publication des 95 thèses de Martin Luther contre la vente des indulgences.

1519 : Mort de Maximilien Ier. Charles de Habsbourg est élu empereur, sous le nom de Charles Quint. Son accession au trône est financée par le marchand Jacob Fugger.

1521 : condamné par le pape, Luther est également mis au ban de l’Empire par Charles Quint, qui souhaite maintenir l’unité religieuse. Il trouve refuge à la cour de Saxe auprès du prince-électeur Frédéric le Sage. Plusieurs états princiers ainsi que des villes libres d’Empire se rallient à la Réforme luthérienne dans les années 1520.

1526 : pour des raisons religieuses, Hans Holbein fuit à Londres, où il deviendra peintre de cour du roi Henri VIII.

1555 : paix d’Augsbourg, qui établit une coexistence confessionnelle entre états luthériens et états catholiques dans l’Empire.

1556 : abdication de Charles Quint.

À lire pour aller plus loin :

Isabelle Dubois-Brinkmann et Aude Briau (dir.), Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550), coédition Paris, INHA et Dijon, Faton, 2024 : le catalogue de l’exposition.

Craig Harbison, La Renaissance dans les pays du Nord, Paris, Flammarion, coll. « Tout l’art », 1995.

Guido Messling, Cranach et son temps, coédition Paris, RMN, Skira Flammarion, 2011.

Pierre Vaisse, Dürer, Paris, Fayard, 1995.