Les demeures princières au XVIIIème siècle
La société nobiliaire du XVIIIème siècle est avant tout une société de représentation, où, à travers l’expression d’un décor se trouve avant tout l’expression de soi et de son appartenance dynastique.
En effet, sur le plan matériel, les gentilshommes façonnèrent un art de vivre qui leur était propre, dans lequel la résidence-manoir, château ou hôtel particulier jouait un rôle essentiel, à la fois comme centre névralgique de leur autorité et lieu de mémoire de lignage.
Les familles les plus ouvertes aux influences venues de la cour ou de l’étranger surent se poser en tant que relais culturels et favoriser la diffusion de nouvelles formes de consommation tout au long de l’échelle sociale.
Avant tout, il convenait d’être de son siècle! Mieux alphabétisés et plus mobiles que bien des Français, les nobles avaient la capacité de se tenir informés des nouveautés culturelles, religieuses et intellectuelles de leur temps. Davantage que d’autres, ils avaient la possibilité de les adopter ou de les rejeter, bref de prendre parti.
Demeure de prestige, l’hôtel aristocratique était un lieu d’apparat et d’agrément à la fois. Ainsi, pour les grandes familles de province qui vivaient une partie de l’année à la cour, le comble du chic était de faire appel aux services d’un architecte parisien. François de Rohan-Soubise confia ainsi la constitution de son hôtel à Pierre Delamair.
Davantage encore que la demeure à la campagne, l’hôtel aristocratique était un espace de réception que l’on prenait soin de décorer au goût du jour. Force est de constater que la métamorphose des demeures ne toucha pas l’ensemble de la noblesse rurale, car seule une élite: princes, ducs et pairs notamment, pouvait y consacrer suffisamment d’argent.
Cependant, pour s’exprimer au mieux, la magnificence des Grands a besoin de protagonistes, dont les plus qualifiés sont les artistes. Mais bien que magnifique, le protecteur des Arts n’en est pas moins à sa façon un tyran dont le choix fait ou brise les carrières.
Votre conférencier :
Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.
À lire pour aller plus loin :
Décors, mobilier et objets d’art du musée du Louvre, de Louis XIV à Marie-Antoinette, cat. expo, Musée du Louvre, Paris, 2014, éd. Somogy.
Mark Girouard, La vie dans les châteaux français, Paris, Scala, 2001.
John Whitehead, Mobilier et arts décoratifs en France au XVIIIe siècle, Paris, Atlas, 1992.
Mario Praz,, Le goût néoclassique, Paris, Le Promeneur, 1989.
François-Georges Pariset, L’art néo-classique, Paris, PUF 1974.