Crânes historiques et artistiques

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02_Histoire de l’art

Objet de crainte ou de fascination, la représentation de crânes traverse l’histoire de l’art de l’Antiquité à nos jours. Au fil du temps, elle illustre des réalités diverses, images du rapport fluctuant que les hommes ont entretenu avec la mort et la vacuité, la fortune et ses revers, la vie et ses plaisirs. La poursuite du modèle à travers les arts permet d’approfondir l’étrange attirance qu’ont pu exercer les célèbres danses macabres sur les esprits médiévaux ainsi que leurs corollaires, les portraits au memento mori et les vanités du 17e siècle. Aujourd’hui plus encore, le motif du crâne est omniprésent : très fréquent dans la production des artistes contemporains, il se décline également sous mille formes populaires telles les bijoux, imprimés textiles, tatouages, objets quotidiens. Dans les cérémonies de la Toussaint et les fêtes d’Halloween, nous percevons, à l’instar de nos ancêtres dans les anciennes représentations, une manière actuelle de conjurer le sort et de s’affranchir de nos peurs. Pendant scientifique de cet attrait pour les crânes, certains considérés comme historiques, ont fait l’objet d’études pour le moins originales.

Depuis le crâne égaré de Descartes à ceux des bagnards exposés dans les écoles de médecine, des vanités du 17e siècle aux crânes couverts de diamants de Damien Hirst, un petit panorama dans l’histoire et les arts pour découvrir quelques faces ricanantes et leurs aventures inattendues.


Image : CC BY-SA 3.0 File : Clusone danza macabra detail.jpg


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

Dans l’Antiquité romaine, le motif du crâne apparait en relation aux banquets épicuriens invitant les convives à profiter du moment présent.

Dans les tableaux religieux du Moyen-âge, il figure le crâne d’Adam sur le mont Golgotha.

Au 14e siècle, les épidémies de peste noire en Europe font des ravages. La proximité de la mort va générer la production de nombreuses Danses Macabres où les squelettes entraînent inexorablement les vivants vers la mort. Les représentations de crâne deviennent omniprésentes, y compris sur des objets quotidiens comme des médailles ou des bijoux.

Au 16e siècle, l’évidence de l’impermanence de la vie humaine produit un sentiment de mélancolie, de regret de la vie à la fois précieuse et fragile L’aspect philosophique prend le pas sur les mises en scènes macabres ; les peintres l’illustrent à travers les vanités. Cette édification morale sur le caractère illusoire de la vie et la vacuité des biens terrestres connaît une large diffusion au 17e siècle qu’elle fasse écho à l’austérité de la réforme protestante ou au dramatisme du baroque naissant.

Le motif se fait plus rare au 18e siècle et ne réapparait qu’à la toute fin du 19e siècle dans l’œuvre de Paul Cézanne pour prendre une importance croissante au siècle suivant. Il se charge alors d’une approche scientifique (études préhistoriques, phrénologie, neuroscience…).

Au 21e siècle, sa représentation connaît une nette résurgence qu’elle s’enrichisse d’une réflexion sur le sens de la vie, d’une expression d’angoisse face au futur ou d’une espérance spirituelle.


A lire pour aller plus loin :

Mélancolie, génie et folie en Occident, catalogue d'exposition. Réunion des Musées Nationaux / Gallimard, 2005, Paris.

C’est la vie ! Vanités de Pompéi à Damien Hirst, catalogue d’exposition sous la direction de Patrizia Nitti et Claudio Strinati, musée Maillol / Skira et Flammarion, 2010.

Le Livre & la Mort, Bibliothèque Mazarine, Bibliothèque Sainte-Geneviève & Éditions des Cendres, 2019.


mardi 26 octobre 2021 à 10:00

Nathalie Douay

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