Le Taj Mahal, joyaux de l'art indo-islamique

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En 1526, un descendant de Tamerlan, le prince Babur - « le Tigre » - quitte son fief de Kaboul, défait le sultanat de Delhi et fonde l’Empire moghol. Ce vaste empire allait connaître un essor remarquable jusqu’au début du XVIIIe siècle avant d’entamer un inexorable déclin et laisser place à l’administration britannique en 1858. Singulier, l’empire moghol le fut dans le sens où il administra un très vaste espace dominé en nombre par des sujets hindous alors même que ses souverains étaient de confession musulmane et de culture persane. Cette difficulté engendra une relative tolérance de la part de souverains moghols plutôt curieux et pragmatiques, la riche production artistique de cette époque en est l’illustration. Dans le domaine de l’architecture les Moghols acquirent un statut de « maîtres-constructeurs », produisant des bâtiments originaux, ambitieux et gracieux dont le plus connu est le Taj Mahal (1631) dans la ville d’ Âgrâ (Uttar Pradesh). L’histoire nous dit que le Taj Mahal a été construit par Shâh Jahân, le cinquième empereur moghol, en souvenir de sa défunte et aimée épouse Mumtaz Mahal (1593-1631). C’est un mausolée féérique - une « montagne de marbre blanc » - clôturé par un long mur, agrémenté de jardins et d’un bassin central le tout arrosé par la rivière Yamuna. Parfaite fusion entre l’esthétisme et la sensualité, le Taj Mahal est un choc esthétique ! Il semble qu’auparavant aucun tombeau aussi extraordinaire ne fut construit par aucun souverain aussi puissant pour son épouse défunte. Le Taj Mahal serait donc un témoignage d’amour absolu : « une larme sur le visage de l’éternité » comme l’écrira plus tard l’écrivain Rabindranath Tangore. Mais cette explication enivrante et romantique est-elle suffisante pour comprendre tous les enjeux liés à a construction du Taj Mahal ? D’ailleurs, que sait-on de la personnalité de Shâh Jahân et de sa belle épouse Mumtaz Mahal ? Du contexte historique dans lequel ils vécurent ? Ne doit-on pas replacer cet ensemble si extraordinaire et si raffiné dans le cadre plus général d’une politique artistique destinée à magnifier le souverain ? Après tout la beauté a toujours été un bon moyen pour faire passer un message politique ! Finalement, doit-on refuser au Taj Mahal, son statut de « temple de l’amour infini », ou pas ?


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1526 : fondation de l’Empire des Moghols par Babur.

1592 : naissance de Shâh Jahân, « Lumière du monde » à Lahore.

1593 : naissance de Mumtâz-i Mahal « Merveille du monde » à Âgrâ.

1612 : mariage de Shâh Jahân et de Mumtâz-i-Mahal.

1627 : Shâh Jâhân succède à son père Jahangir et devient le cinquième « Grand moghol ».

1631 : guerre contre les Portugais.

1631 : mort de Mumtâz-i Mahal.

1631-1658 : construction du Taj Mahal.

1658 : Shâh Jâhan est renversé par son fils Aurangzeb.

1658-1666 : captivité et mort de Shâh Jâhân dans le Fort-Rouge d’Âgrâ.


À lire pour aller plus loin :

Lefebvre, Corinne & Jean-Baptiste Clais (dir.), Les arts moghols, Citadelle & Mazenod, Paris, 2024.

Amina Okada, Taj Mahal, photographies de Jean-Louis Nou. Éditions de l'Imprimerie nationale, Paris, 1998.


mardi 15 juillet 2025 à 10:00

Fabrice Delbarre

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